3e lien: la CAQ a berné les gens de la région de Québec


Rémi Nadeau
Les caquistes ont promis le cœur sur la main de donner aux citoyens des deux rives un lien assurant une circulation digne d’une capitale nationale, mais finalement, ce n’était qu’une grande mascarade. Ils ont été mauvais du début à la fin. On n’est pas près de l’oublier.
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D’abord, en mai 2021, François Bonnardel a annoncé le plus gros tunnel au monde, dans lequel pourrait circuler le transport lourd.
Pourtant, à l’interne au ministère des Transports, tout le monde savait que c’était une joke.
C’était impossible. Trop dangereux en raison de la pente à l’approche de Lévis.
Le politique avait dit aux fonctionnaires de tenir ça mort.
C’est lorsqu’ils ont présenté une nouvelle version de bitube aux villes que l’affaire a été ébruitée il y a quelques semaines.
Malgré tout, le principe de deux tunnels, un réservé au transport en commun et l’autre aux véhicules, avait de quoi séduire et répondre à l’essentiel des besoins.
Sauf que, finalement, les caquistes ont choisi d’enterrer la portion routière.
Peu importe leur engagement des deux dernières campagnes électorales.
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Ça tombe bien que ça ne sorte que maintenant, parce qu’en Beauce, deux élus de la CAQ, Samuel Poulin et Luc Provençal, chauffés par les conservateurs, auraient perdu leur siège si cela avait été su avant le scrutin.
D’autres élus de la grande région auraient été en péril.
Colère
« Y en a qui sont en tabarn*** », a confié un élu de la CAQ, au terme du caucus de mercredi soir.
Contrit, le député de Lévis, Bernard Drainville, a expliqué jeudi aux journalistes que sa perception du trafic sur les ponts avait été faussée par les travaux l’été dernier.
Hé, Bernard, il va y en avoir encore des travaux l’été prochain !
Le moindre rétrécissement de voie entraîne un impact très lourd pour les usagers.
Il y a eu un effet pandémie sur la circulation, c’est indéniable.
Mais la diminution de débit sur le pont Laporte, de 19 % en novembre dernier, par rapport à l’année 2019, est passée à 13 % en début d’année, puis à 10 % en mars.
La ministre Geneviève Guilbault admet qu’on sera probablement de retour aux débits pré-pandémie avant la fin de l’année.
Elle justifie la mort du projet routier par des temps de déplacement interrives qui ont légèrement diminué, le trafic étant moins concentré dans les heures de pointe.
Ce phénomène s’observera pendant combien de temps ?
Avis contraire
Le gouvernement fait fi de l’avis de son propre bureau de projet. C’est écrit en toutes lettres dans son rapport qu’il ne croit pas que le résultat d’études ultérieures sur l’impact du télétravail, qu’il juge minime, aura pour effet de remettre en cause la nécessité d’un nouveau lien.
Sans compter les autres arguments sur le vieillissement des ponts, la sécurité, le besoin pour les prochaines décennies, la meilleure répartition du développement, que brandissaient les caquistes.
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Ils n’y croient plus eux-mêmes.
Le parti de François Legault pense que les gens de Québec, de Lévis, de Bellechasse ou Montmagny vont tout oublier d’ici 2026 ?
Qu’ils n’auront pas une pensée pour lui en demeurant encarcanés dans une circulation en fer à cheval ?
Ces citoyens sont devenus les dindons de la farce.
Des élus se demandent d’ailleurs ce qui se passe avec leur parti depuis le début de ce deuxième mandat.
Certains sentent une « montréalisation ».
« On se demande qui gouverne. Comme si nous n’avions plus de sens politique pour ceux qui nous ont élus », a témoigné une source.
Pour le troisième lien, comme chantait Céline Dion : « Ce n’était qu’un rêve... »