Fuites sur le 3e lien: la ministre Geneviève Guilbault soupçonne des fonctionnaires opposés au projet
Nicolas Lachance
La ministre Geneviève Guilbault soupçonne des fonctionnaires réticents au projet de 3e lien du ministère des Transports pour expliquer les fuites qui révèlent des contraintes majeures pour les tracés à l’étude.
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«C’est tout à fait possible qu’au sein de la fonction publique, il y ait des gens qui s’opposent au projet, tout comme les trois partis d’opposition», a déclaré la ministre des Transports en entrevue avec notre Bureau parlementaire.
Malgré ces conclusions, les tracés à l’est demeurent parmi les neuf options sur la table.
«Il n’y a rien de nouveau là-dedans. Ces corridors sont à l’étude depuis des années», a-t-elle affirmé, soulignant que les analyses se poursuivent et que le choix final du corridor sera annoncé plus tard cette année. «Quoi qu’il en soit, nous allons réaliser le projet.»
Le gouvernement tiendra des séances d’information les 26 et 27 février à Québec et à Lévis, où les citoyens pourront poser leurs questions. Il ne s’agit pas d’une consultation formelle, mais les citoyens pourront exprimer leurs préoccupations et fournir des commentaires via un questionnaire.
Mme Guilbault souligne l’intérêt marqué de 23 entreprises pour le chantier, un record, selon elle, et insiste sur la crédibilité du projet. Le choix définitif du tracé sera dévoilé plus tard cet été.
«Déconnectée»
À la lumière de ces documents révélés dans les médias, les partis d’opposition critiquent vivement le travail de la ministre des Transports. Ils ont tiré à boulets rouges sur le projet vendredi matin.
«Elle aurait dû être ministre des Transports dans les années soixante, comme ministre responsable de la Voirie», a déclaré le député solidaire Etienne Grandmont.
Selon le solidaire, aucun des scénarios étudiés ne passe «la rampe» sur les critères environnementaux, économiques et patrimoniaux et il accuse Geneviève Guilbault d’ignorer les recommandations de ses propres fonctionnaires, contraints de faire fuiter des documents pour se faire entendre, dit-il.
Le député de Taschereau appelle à abandonner ce projet qu’il qualifie «d’électoraliste» et de «déconnecté de la réalité».
Quadrature du cercle
Le député péquiste Joël Arseneau dénonce aussi l’imposition politique du projet, malgré l’avis des fonctionnaires du ministère et le rapport de CDPQ Infra, qui concluent, dit-il, à son inutilité.
«C’est un gaspillage de fonds publics où la ministre force les fonctionnaires à essayer de trouver la quadrature du cercle, de faire rentrer un projet carré dans un cercle», a déclaré le péquiste.
Selon lui, le gouvernement Legault n’a pas l’intention de réaliser le projet, mais l’utilise comme un outil électoral pour une troisième campagne consécutive.
Même son de cloche chez les libéraux, abasourdis de voir les fonctionnaires devoir laisser filtrer de l’information en raison des «dérives» de la CAQ à ce sujet.
«Il est évident que les caquistes cherchent simplement à faire une quatrième élection en mettant en avant un 3e lien, malgré le fait qu’ils savent qu’ils ne le concrétiseront jamais», a signalé le libéral Monsef Derraji.
Ce qu’ils ont dit:
«Il y a des gens qui sont contre le projet et qui utilisent les moyens à leur disposition pour protester contre le projet. Que ce soit Québec solidaire, le Parti libéral, le Parti Québécois ou toute autre personne qui donne des documents aux médias» – la ministre des Transports Geneviève Guilbault
«C’est rendu que les fonctionnaires du gouvernement du Québec coulent l’information pour protéger la population devant les dérives populistes et électoralistes de la CAQ» – le libéral Monsef Derraji
«Je lui demande vraiment d’arrêter de faire travailler inutilement ses fonctionnaires sur un projet qui n’a pas de bon sens et de revenir en arrière, de se raccrocher à la réalité de 2025» – le solidaire Etienne Grandmont
«Ce qu’on apprend aujourd’hui, c’est que les fonctionnaires viennent corroborer le rapport de CDPQ Infra en disant que le 3e lien n’est pas justifié, selon la vaste majorité des critères qu’on peut appliquer et les orientations gouvernementales elles-mêmes» – le péquiste Joël Arseneau
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