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L'article provient de Le Journal de Québec
Société

329 morts du Boeing d’Air India en 1985: des terroristes sikhs canadiens étaient responsables

Le Boeing 747 a explosé à une altitude de 31 000 pieds (9400 mètres), tuant 329 personnes.
Le Boeing 747 a explosé à une altitude de 31 000 pieds (9400 mètres), tuant 329 personnes. AFP
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Photo portrait de Normand Lester

Normand Lester

2023-09-29T04:05:00Z
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Le 23 juin 1985, une bombe placée à bord d’un Boeing d’Air India qui a décollé de Montréal explose au large de l’Irlande. Les 329 personnes à bord – près de 100 enfants et 268 Canadiens – perdent la vie dans la pire attaque terroriste de l’histoire du Canada, la plus meurtrière au monde jusqu’aux attentats du 11 septembre 2001. Une seconde bombe placée à bord d’un autre vol d’Air India au départ du Canada saute au sol à l’aéroport de Tokyo, tuant deux bagagistes.

Les terroristes sikhs voulaient venger l’opération du Temple d’Or de 1984, alors que la première ministre indienne Indira Gandhi avait donné l’ordre à l’armée indienne d’y déloger des indépendantistes sikhs qui s’y étaient retranchés. Situé à Amritsar, au Pendjab, c’est l’édifice le plus sacré des sikhs. L’opération fait des centaines de morts parmi les pèlerins. Indira Gandhi sera assassinée quatre mois plus tard par deux de ses gardes du corps sikhs.

Indira Priyadarshini Gandhi, première ministre de l’Inde, en 1983.
Indira Priyadarshini Gandhi, première ministre de l’Inde, en 1983. Wikimedia Commons / Gouvernement de l'Inde

Acquittés malgré 18 ans d’enquête de la GRC

Le sikh canadien Inderjit Singh Reyat, qui a assemblé les bombes, a plaidé coupable en 2003. Condamné à quinze ans de prison, il a été libéré en 2017. Ses deux complices Ripudaman Singh Malik et Ajaib Singh Bagri ont tous deux été acquittés malgré l’enquête de près de vingt ans de la GRC, la plus coûteuse de l’histoire du Canada (près de 130 millions de dollars).

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En 2006, le premier ministre Stephen Harper a nommé l’ancien juge de la Cour suprême John Major pour enquêter sur cette affaire. Son rapport, publié en 2010, concluait qu’une « série d’erreurs en cascade » de la part du gouvernement du Canada, de la Gendarmerie royale du Canada et du Service canadien du renseignement de sécurité avait permis que l’attaque terroriste ait lieu. » Incroyablement, un témoin important dans le procès a même été assassiné, alors qu’il était sous la protection de la GRC ! 

Des marins irlandais de la base navale de Cork débarquent, le 29 juin 1985, les corps du vol 182 d’Air India qui s’est écrasé près des côtes de l’Irlande quelques jours plus tôt.
Des marins irlandais de la base navale de Cork débarquent, le 29 juin 1985, les corps du vol 182 d’Air India qui s’est écrasé près des côtes de l’Irlande quelques jours plus tôt. AFP / Andre Durand

Le juge affirmait dans son rapport de 2010 que rien n’avait changé dans la façon dont la GRC et le SCRS collaborent dans leurs enquêtes sur le terrorisme et que les mêmes erreurs pourraient se reproduire. Serait-ce toujours le cas aujourd’hui, pour ce qui est de l’assassinat de Hardeep Singh Nijjar, le militant sikh assassiné en juin en Colombie-Britannique ? Nijjar avait été averti à plusieurs reprises des menaces contre lui et avait été conseillé d’éviter le temple sikh en face duquel il a été tué. Ça semble indiquer qu’il était sous surveillance. Si oui, comment se fait-il qu’on n’ait pas arrêté immédiatement les coupables ?

Trudeau accuse l’Inde d’être responsable du meurtre sans dire sur quoi il se base pour ne pas nuire à l’enquête. Un autre indépendantiste sikh, Sukhdool Singh Gill, recherché en Inde pour meurtre, vient d’être assassiné à Winnipeg. Des conflits internes divisent les indépendantistes sikhs.

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Mais le cas de Ripudaman Singh Malik, tué par balle à Vancouver en 2022, est d’un intérêt particulier. Malik a été acquitté en 2005 d’avoir participé à l’attentat contre le vol d’Air India. Deux hommes ont été accusés du meurtre quelques jours après l’assassinat. L’enquête préliminaire s’éternise et le dossier est frappé d’un interdit de publication. 

Les sikhs affluent au Canada

Le gouvernement et les médias indiens disent que le Canada est un refuge pour les terroristes sikhs qui mènent des actions violentes en faveur de la création d’un État indépendant, le Khalistan. La communauté sikhe canadienne est la plus importante au monde à l’extérieure de l’Inde. Selon le recensement de 2021, les sikhs représentaient 2,1 % de la population canadienne. En Colombie-Britannique, ils constituent 5,92 % de la population, plus nombreux que les francophones. 

Voyage de la famille Trudeau en Inde, en février 2018.
Voyage de la famille Trudeau en Inde, en février 2018. AFP / Money Sharma

Trudeau invite un extrémiste sikh à son party

Le voyage de Justin Trudeau en Inde en février 2018 a été un désastre. Pas seulement parce que Trudeau et sa famille se sont stupidement pavanés dans des accoutrements indiens farfelus. 

Durant sa visite, un extrémiste séparatiste sikh a été invité à la réception en l’honneur de Trudeau. Le gouvernement ethnonationaliste de droite de Narendra Modi n’a pas apprécié. Selon des médias et des analystes indiens, l’influence sikhe dans l’entourage de Justin Trudeau ne serait dépassée que par celle de la Chine.

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