Airbus Canada: un autre 380M$ et des tonnes de questions sans réponse
Et ce n’est probablement pas la dernière injection de fonds de Québec dans l’ex-C Series
![Photo portrait de Francis Halin](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2FHalin06f4c975-ae0d-44c2-b7f7-bb6f68ce0b3c_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Francis Halin
Le premier ministre François Legault a promis aujourd'hui de ne pas jouer dans le même film que les libéraux en investissant 380 M$ dans l’ex-C Series, mais des spécialistes se posent déjà des questions.
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« On a une garantie de la compagnie mère de rachat, si on le souhaite, en 2028, et il y a une formule basée sur le nombre d’emplois. S’il y avait zéro emploi, on pourrait exiger de se faire rembourser nos 300 millions $ US », a assuré le premier ministre en conférence de presse, aujourd'hui.
![Le premier ministre François Legault a annoncé, ce vendredi, dans la métropole québécoise, un investissement majeur dans l’ex-C Series.](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F65759773_4064610f47669b-8aa3-400e-914d-d5360915661c_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
« Ce n’est pas une subvention. On investit avec Airbus. On a 25 %. Ils ont 75 %. On met chacun notre partie. C’est très différent. C’est un investissement », a expliqué à son tour Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation (MEI).
Investissement total de 1,2 G$
« S’il s’avérait que le programme ne marche plus ou que la société décide de quitter le Québec, ça n’arrivera pas, je pense qu’ils aiment beaucoup le Québec, on a un mécanisme, nous, de protection du 300 millions $ US », a-t-il ajouté.
Aujourd'hui, Québec et la Société en commandite Airbus Canada ont mis 1,2 milliard $ US dans l’ex-C Series, mais pour Robert Pouliot, qui enseigne à l’ESG-UQAM, des questions se posent déjà sur la mécanique de ces nouveaux investissements.
« Le problème majeur de Bombardier était la gouvernance. On a fait la sourde oreille devant les agissements de la famille. Alors quelle est la gouvernance de cette société en commandite ? », s’est-il demandé à voix haute.
D’après lui, le premier ministre François Legault et son ministre économique doivent être transparents pour éviter de jouer dans le même film.
« On vient de retarder le rachat. Qui va superviser cette opération-là ? On peut mettre l’argent ailleurs », a-t-il souligné.
Prévisible
Pour le spécialiste en aéronautique Daniel Bordeleau, ce nouvel investissement de centaines de millions de dollars était écrit dans le ciel.
« On paye pour des erreurs de Bombardier. Le gouvernement du Québec n’avait pas le choix. Tant que l’avion perd de l’argent, il faut en mettre. C’est ce que Bombardier a fait en se retirant », a-t-il expliqué.
« Ce n’est peut-être pas la dernière fois que le gouvernement va mettre de l’argent dans cette aventure-là pour développer une autre version plus grande de l’appareil », a analysé l’auteur du livre Bombardier : La chute d’un géant.
Aujourd'hui, le syndicat des machinistes (AIMTA) a bien accueilli l’annonce, mais la Fédération canadienne des contribuables a été piquée au vif.
« Le gouvernement doit arrêter d’ajouter de l’argent dans un projet qui a déjà coûté bien trop cher aux Québécois et Québécoises », a dénoncé son directeur québécois Renaud Brossard.
– Avec la collaboration de Sylvain Larocque et Olivier Bourque
♦ Aujourd'hui, en conférence de presse, le PDG de la société Airbus Canada, Benoit Schultz, a indiqué que le 1,2 G$ US allait aussi bénéficier à l’usine de Mobile, au Texas, qui fabrique le même type d’avion.