Guerre en Ukraine: 3 points pour mieux comprendre le mouvement séparatiste prorusse

Marie-Anne Audet
Depuis plus d’un mois, les violences vécues par les Ukrainiens font la une des journaux à travers le monde. Or on oublie parfois que le pays est le théâtre de luttes fratricides depuis l’annexion de la Crimée par la Russie, en 2014.
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Ce conflit, qui a coûté la vie à 14 000 personnes, oppose le gouvernement ukrainien et les forces séparatistes prorusses de la région du Donbass.

Que s’est-il passé pour que ces rebelles décident de divorcer de l’Ukraine? Pourquoi revendiquent-ils l’indépendance des républiques de Donetsk et de Lougansk?
- Les russophones du Donbass
La région du Donbass est très importante pour l’économie ukrainienne. Selon les informations du journal français Libération, ses champs de blé et ses mines riches en charbon ainsi qu'en minéraux ont attiré de nombreux résidents dans le secteur.
Donetsk (anciennement Stalino) est l’un des principaux centres métallurgiques du pays. Elle compte deux millions d’habitants.

Lougansk (ex-Vorochilovgrad) est une ville industrielle qui totalise 1,5 million d’habitants.
D’après l’AFP, l’Union soviétique, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, a envoyé dans le Donbass plusieurs travailleurs russes pour qu'ils en exploitent les ressources. Les descendants de ces ouvriers ont créé la grande communauté russophone qu’on retrouve dans la région.
- La volonté de Kyïv, de s’approcher de l’Occident
En 2014, la capitale Kyïv a été la scène d’émeutes sanglantes. Les manifestants, originaires de partout en Ukraine, réclamaient davantage de liberté et des liens plus serrés avec l’Union européenne.

Les forces gouvernementales, dirigées par un président prorusse, ont brutalement réprimé les manifestations, faisant plus de 80 morts.

Or, malgré la violence, 250 000 à 500 000 personnes ont participé au mouvement. Cette révolution a causé la fuite du président de l’époque, Viktor Ianoukovitch.

La réaction de la Russie a été rapide. Dans la même année, elle a ordonné l’annexion de la Crimée, une péninsule située au sud de l’Ukraine, sur la mer Noire.

Une autre guerre a éclaté au Donbass à l’issue de deux référendums qui ont eu lieu à Donetsk et à Lougansk. Les deux régions ont exprimé leur désir de se séparer de l’Ukraine et de son gouvernement pro-européen afin de se rapprocher de Moscou.

Ces référendums, dont les résultats n’ont jamais été reconnus par la communauté internationale, ont entraîné une révolte sociale qui s’est transformée en insurrection armée.

La Russie a longtemps été accusée par Kyïv et les Occidentaux de soutenir militairement et financièrement les séparatistes prorusses.
- Les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk
Selon le magazine français L’Express, les accords de Minsk, signés en 2014 et en 2015, devaient instaurer un cessez-le-feu entre les forces ukrainiennes et les séparatistes.

Il y avait plusieurs points importants dans les accords, notamment le retrait des armes lourdes dans chaque camp, une grâce pour les personnes impliquées dans les combats, un échange d'otages et de prisonniers, et le retrait des formations armées étrangères.

Ils prévoyaient aussi une réforme constitutionnelle en Ukraine et des élections à Donetsk et à Lougansk. Il était aussi prévu que celles-ci restent sous pavillon ukrainien.
Or ces ententes ont été bafouées à plusieurs reprises par les deux camps.

Le président russe Vladimir Poutine a finalement déchiré l’accord le 21 février 2022, en reconnaissant les deux républiques prorusses. Il a ensuite ordonné l’invasion de l’Ukraine le 24 février, en accusant le gouvernement ukrainien de commettre un génocide à l’endroit de la communauté russophone.

Dans les derniers jours, la Russie a affirmé vouloir concentrer son offensive dans l’est de l’Ukraine, mais continue tout de même de bombarder des secteurs plus à l'ouest.