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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

3 ans de pénitencier pour un couple qui a laissé mourir une aînée dans des conditions atroces

La victime avait des plaies de lit jusqu’aux os, un bras en putréfaction et des asticots sur le corps à l’arrivée des secours

Scott John Rossall avait été interpellé par «Le Journal» à sa résidence après avoir été accusé en septembre 2022.
Scott John Rossall avait été interpellé par «Le Journal» à sa résidence après avoir été accusé en septembre 2022. Photo Agence QMI, MARIO BEAUREGARD
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Photo portrait de Camille Payant

Camille Payant

2025-07-18T19:30:00Z
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Asticots, plaies jusqu’aux os, bras en putréfaction: un couple de Châteauguay écope de trois ans de pénitencier pour avoir laissé mourir une aînée dans des conditions épouvantables, sans qu’elle puisse quitter son lit.

• À lire aussi: Accusés d’avoir laissé mourir une aînée de façon atroce

«C’est tout simplement horrible. Les faits présentés dans cette affaire sont parmi les plus atroces que j’ai eu à entendre en 10 ans», a récemment laissé tomber le juge Bertrand St-Arnaud au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield.

Le magistrat venait d’entendre le récit épouvantable des derniers mois de vie de Pearl May Billingham. Sa fille Karen Lynn Oram et son gendre Scott John Rossall ont plaidé coupables à une accusation de négligence criminelle causant la mort.

Le 6 juin 2021, Oram avait composé le 911 parce que «sa mère ne répondait pas présentement et qu’elle n’était pas lucide», a-t-elle admis. Mais, disait-elle, l’octogénaire «ne voulait pas aller à l’hôpital» et elle aurait mentionné qu’elle «tuera» sa fille si elle apprenait qu’elle avait appelé l’ambulance.

Pearl May Billingham a été découverte dans un état horrible dans cette maison de la rue Turenne, à Châteauguay, en juin 2021.
Pearl May Billingham a été découverte dans un état horrible dans cette maison de la rue Turenne, à Châteauguay, en juin 2021. Photo d'archives, Antoine Lacroix

Les policiers dépêchés à la résidence de la rue Turenne, à Châteauguay, ont rapidement constaté une odeur tellement nauséabonde qu’un d’entre eux n’a même pas été en mesure d’entrer.

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État de putréfaction

Mme Billingham respirait toujours à l’arrivée des premiers répondants, mais elle avait des plaies de lit jusqu’aux os et plusieurs mouches et asticots se trouvaient sur son corps sale.

Un de ses bras était en état de putréfaction et une main était quasi nécrosée.

Son lit était souillé de liquide biologique et du papier essuie-tout recouvrait ses plaies dorsales.

Elle a été transportée à l’hôpital, où elle est décédée dans les minutes suivantes d’une septicémie en raison des plaies de pression profondes qui exposaient ses os. Ces dernières dataient certainement de plusieurs mois, a conclu un microbiologiste.

Karen Lynn Oram, 57 ans, a affirmé aux enquêteurs «ne pas avoir remarqué l’état du corps de sa mère» même si elle était responsable de changer sa couche chaque matin.

Aidant naturel

Puisqu’elle travaillait à temps plein, c’est plutôt son conjoint, Scott John Rossall, qui était l’aidant naturel de la victime depuis 2007.

L’aînée était alitée depuis une décennie, à la suite d’une chute. Elle avait toujours indiqué ne pas vouloir obtenir d’intervention médicale chez elle ou être transportée à l’hôpital, est-il admis.

Rossall devait ainsi s’occuper de ses soins, de son hygiène et de son alimentation.

«Comment Karen et Scott ont pu laisser maman pourrir au lit et ne rien faire?» s’est questionnée l’autre fille de Mme Billigham, Kimberly Goulet, quatre ans après sa mort tragique.

Elle n’avait pas pu la voir en personne depuis 2019, puisqu’elle demeure à l’autre bout du Canada.

«Quand je demandais ensuite comment elle allait, Karen me répondait que tout était bien et qu’on prenait soin d’elle, a témoigné Kimberly Goulet par visioconférence. Évidemment, ce n’était pas le cas et elle était loin de bien aller.»

Les accusés ont aujourd’hui eux-mêmes une santé très précaire. Oram peine à se déplacer en raison d’arthrite chronique et Rossall est amputé de la moitié d’une jambe, au point où il a dû avoir recours à un transport adapté pour se rendre au pénitencier plutôt qu’à un fourgon cellulaire.

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