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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

25% des Québécois incapables de vivre dignement

Cette pauvreté touche toutes les régions et les différentes catégories de ménages

Tous les jeudis, environ 3000 personnes se présentent à La Bouchée généreuse pour recevoir de l’aide alimentaire, à Québec.
Tous les jeudis, environ 3000 personnes se présentent à La Bouchée généreuse pour recevoir de l’aide alimentaire, à Québec. Photo STEVENS LEBLANC
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Photo portrait de Michel Girard

Michel Girard

2024-04-29T04:00:00Z
2024-04-29T10:50:54Z
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Il y aurait actuellement 25% des ménages québécois qui vivent sous le seuil du «revenu viable», lequel revenu sert de référence pour qu’un ménage puisse vivre dignement en 2024.

• À lire aussi: Revenus: voici combien il faut gagner pour vivre décemment

Autrement dit, il y a un ménage sur quatre qui, selon sa catégorie de ménage, vit dans la pauvreté alors que son revenu après impôts est inférieur au revenu requis pour se procurer le panier de biens et services dont il a minimalement besoin pour vivre adéquatement dans son patelin.

La vulnérabilité financière de ces ménages vivant sous le seuil du «revenu viable» est d’autant plus grande qu’il est devenu, selon la chercheuse Ève-Lyne Couturier de l’IRIS, de plus en plus difficile de sortir de la pauvreté dans un contexte de crise du logement comme celui que l’on vit ces dernières années.

  • Écoutez le segment économie avec Michel Girard via QUB :

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À preuve, dans la nouvelle étude sur le «revenu viable» que Mme Couturier vient de publier avec la collaboration de Guillaume Tremblay-Boily, on constate que de 2023 à 2024, la barre du «revenu viable» a augmenté sensiblement dans toutes les régions du Québec et dans les 21 catégories de ménage.

Cela a eu pour effet dramatique d’augmenter forcément le nombre de ménages vivant aujourd’hui sous ledit seuil de «revenu viable», faute de voir leur revenu augmenter aussi fortement.

À titre d’exemple, voici le «revenu viable» requis en 2024 dans trois des diverses catégories de ménage analysées par les chercheurs Couturier et Tremblay-Boily et la hausse moyenne dudit revenu viable survenue en 2024 par rapport à 2023.

Comme je le mentionnais précédemment, un ménage sur quatre, selon la chercheuse Ève-Lyne Couturier de l’IRIS, gagnent présentement un revenu inférieur au «revenu viable».

Dans la seule région de Montréal, cela inclut notamment les personnes seules qui se retrouvent dans la situation suivante avec leurs revenus annuels, lesquels sont inférieurs au «revenu viable».

  • Aide sociale: 11 845$
  • Aide sociale avec contraintes temporaires: 13 777$
  • Solidarité sociale: 17 293$
  • Revenu de base de solidarité (dernier recours): 21 193$
  • 65 ans, avec pension de sécurité de vieillesse (PSV) et supplément de revenu garanti (SRV): 24 752$
  • 65 ans, avec PSV, SRG, RRQ de 15 000$: 28 374$
  • 65 ans, avec PSV, SRG, RRQ de 9000$ et salaire minimum 20 heures / semaine: 37 041$
  • Salaire minimum (15,75$), 35 heures par semaine: 26 294$
  • Salaire de 20$ / heure, 35 heures par semaine: 30 538$
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Concernant un simple salarié vivant seul, il lui faudra gagner un salaire de 27$ l’heure, à 35 heures par semaine, durant 52 semaines, pour réussir à gagner un revenu après impôts de 38 246$. Avec ce revenu, il se donnera une marge de manœuvre d’à peine 1% par rapport au revenu viable dont il a besoin pour vivre à Montréal.

  • Écoutez le segment économie avec Michel Girard via QUB :

MAIS AUX YEUX DES GOUVERNEMENTS

Pour déterminer la proportion des ménages qui vivent dans la pauvreté, les gouvernements de Québec et d’Ottawa préfèrent se baser sur la mesure du panier de consommation (MPC), laquelle mesure couvre, selon eux, les besoins de base.

Selon le MPC, voici, pour la région de Montréal, le seuil en dessous duquel un ménage vit dans la pauvreté, et entre les parenthèses, vous trouverez l’écart avec le revenu viable:

  • 1 personne : 25 476$ (– 12 428$)
  • 2 personnes : 36 029$ (– 15 194$)
  • 4 personnes : 50 953$ (– 30 984$)

Comme vous pouvez le constater, l’écart entre les seuils du MPC et du «revenu viable» est immense. Voilà pourquoi aux yeux des gouvernements de Québec et d’Ottawa le nombre de ménages pauvres n’est pas de 25 % mais plutôt sous la barre des 8 %. Et ça leur donne bonne conscience!

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