Accusé d’agressions sexuelles: 23 femmes témoigneront contre un massothérapeute
Jean-François Morrison aurait profité de la vulnérabilité de ses victimes


Antoine Lacroix
Un massothérapeute aux mains baladeuses subit son procès cette semaine au palais de justice de Saint-Jérôme, où pas moins de 23 victimes, dont une mineure, doivent témoigner des agressions subies lors de massages.
«Je ne comprenais pas ce qui se passait et j’ai complètement figé et j’étais terrifiée. J’étais rouge tomate, j’avais la figure en feu. Je me disais: “ça se peut pas ce qui m’arrive en ce moment”. J’ai voulu dire quelque chose et j’ai pas pu», a relaté nerveusement une ex-cliente de Jean-François Morrison, dont on ne peut révéler l’identité.
Accusé
L’homme de 40 ans fait face à plus d’une vingtaine de chefs d’accusation pour agressions sexuelles sur des jeunes femmes.
Les gestes auraient été commis entre 2015 et 2018, à Saint-Jérôme.
Jusqu’à maintenant, la juge Sandra Blanchard a entendu les témoignages de près d’une douzaine de victimes du massothérapeute, presque en tout point similaires.
Elles ont toutes relaté avoir pris rendez-vous avec Morrison via Facebook. Au début de la rencontre, tout semblait professionnel et elles étaient en confiance.
Attouchements
Mais durant la séance, le massothérapeute vient à profiter de la position de vulnérabilité des jeunes femmes, qui étaient soit nues, soit en sous-vêtements sous une serviette sur la table, pour faire des attouchements aux parties génitales.
«Il s’est mis à masser ma jambe, puis plus haut sur ma fesse. Par après, c’est allé à mes parties intimes, plusieurs fois», a relaté l’une des victimes.
Elles ont toutes avoué avoir «figé» devant de tels gestes, vivant un profond malaise en raison de ses «mains baladeuses».
Une des victimes a par ailleurs rabroué lundi l’avocat de la défense, Pierre M. Gauthier, affirmant qu’il voulait «invalider [son] expérience».
«Vous essayez de détourner ça pour que ça aille l’air d’être moins pire ou correct ou acceptable. [...] Je veux juste mettre ça au clair, je commence à être tannée», a-t-elle lancé avec aplomb.
«Moi je fais mon travail, madame, je pose des questions. [...] J’insinue rien, je diminue pas rien», a rétorqué Me Gauthier.
Un avocat déplacé
Malgré cet incident, ça ne l’a pas empêché de demander mardi à une victime qui venait de raconter comment Morrison l’avait conduite dans sa chambre pour lui faire subir une relation sexuelle complète si elle avait eu une «certaine participation» dans l’acte, parce qu’il n’a pas été violent envers elle.
«Pour rester assise [sur lui], vous faites quand même un certain effort?» a-t-il laissé entendre.
«C’est lui qui me contrôlait, c’est pas moi qui bougeais. [...] J’ai eu peur», avait-elle pourtant affirmé plus tôt dans son témoignage, ajoutant qu’elle voulait que ça «en finisse au plus vite», même si elle a essayé une fois de bloquer ses mouvements.
Le procès de Jean-François Morrison se poursuit cette semaine à Saint-Jérôme.