22 ans plus tard: sorties supervisées accordées pour un meurtrier sadique qui a tué et violé une mère à Gatineau
Stéphane Mongeon avait été condamné à la prison à vie pour le meurtre prémédité de Christine Dubé


Erika Aubin
Les proches d’une mère étranglée à mort puis agressée sexuellement s’indignent que la Commission des libérations conditionnelles du Canada leur refuse une copie de la décision qui permettra au meurtrier sadique d’obtenir des sorties supervisées après 22 ans en détention.
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«Je suis sans mots. J’ai l’impression d’avoir perdu mon temps. Pourquoi nous faire repasser à travers tout ce processus si finalement, nous ne sommes pas pris en considération?», lance la fille de Christine Dubé.
Elle avait 11 ans quand sa mère a été assassinée violemment et elle demande à taire son identité tellement elle craint le meurtrier, Stéphane Mongeon.

Le mois dernier, la jeune femme et plusieurs membres de sa famille ont chacun lu une poignante lettre devant la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) pour s’opposer à ce que le tueur ait droit à des sorties de prison. Le Journal a assisté à l’audience publique.
Impossible de comprendre
Cette semaine, la famille a été informée que la Commission autorisait les sorties avec escorte. Pour rajouter à l’indignation des proches, on leur refuse l’accès à la décision complète qui détaille les motifs des commissaires, évoquant un changement à une loi.
«On aimerait au moins comprendre leur décision. Ça devrait être un processus transparent, c’est inacceptable dans notre pays. En ce moment, on a l’impression de se faire cacher des informations», déplore vivement sa fille.

Le meurtre insensé de Mongeon avait choqué la province, en 2002. Après avoir croisé Christine Dubé à un kiosque de ventes, il avait pris rendez-vous avec la représentante financière en REER. Lorsqu’elle est arrivée chez lui, il l’a frappée et étranglée à mort avant de l’agresser sexuellement.
L’homme aujourd’hui âgé de 53 ans avait ensuite caché le corps dans une sablière, près de Maniwaki. Il a écopé de la prison à vie pour meurtre prémédité.

Même si Mongeon sera pour le moment escorté lors de ses sorties pour rapports familiaux, il s’agit d’une «terrifiante» première étape vers son éventuelle libération conditionnelle, estime la fille de la victime.
«Si sa sortie se passe bien, le reste s’enclenche. Le centre carcéral pourra lui en accorder d’autres. Ensuite, il pourrait demander sa semi-liberté», détaille-t-elle.
Laissées à elles-mêmes
Et pendant ce «difficile processus», les victimes sont carrément laissées à elles-mêmes, dit-elle: «Lui, il a eu droit à un avocat pour l’audience, à une équipe de gestion de cas qui l’a vraiment mis en valeur. Je n’avais pas trop confiance que notre petite lettre allait changer quelque chose.»
Elle a cogné à la porte de plusieurs bureaux d’avocats pour tenter de faire valoir ses droits, mais en vain.
Elle est aussi abasourdie qu’aucune restriction géographique ne soit pour l’instant imposée au meurtrier.
«Je vis dans la peur depuis mes 11 ans. Quand j’arrive chez moi le soir, mon chum doit venir me chercher à mon auto. Ça va juste amplifier ce sentiment de peur», explique celle qui se sent totalement impuissante.
Mongeon était à l’époque un véritable pervers sexuel qui avait en tête de violer des femmes. Dans les années 1990, il a été condamné à six reprises pour grossière indécence. Il a toutefois assuré avoir travaillé fort sur lui pendant son incarcération «pour affronter [s]es démons».
«Il n’y a pas une journée où je ne regrette pas ce que j’ai fait», a-t-il dit lors de l’audience. Son équipe de gestion de cas a aussi assuré qu’il se responsabilisait pleinement pour ses délits et qu’il avait participé avec sérieux aux différents programmes ciblés.
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