20 ans de l’Opération Scorpion: l'événement vu par des journalistes
TVA Nouvelles
Les journalistes Denis Therriault et Jérôme Landry, qui ont couvert les événements qui ont suivi le dévoilement de l’existence d’un réseau de prostitution juvénile à Québec, en décembre 2002, se souviennent de l’ambiance qui régnait dans la ville à cette époque.
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Les arrestations d’hommes d’affaires influents et de personnalités publiques, comme l’ancien président du Carnaval de Québec, Yvan Cloutier, et l’animateur de radio Robert Gillet, ont fait beaucoup de vagues.
«Ça été tout un choc de savoir qu’un des animateurs les plus populaires le matin à Québec avait été arrêté et, veut veut pas, ç’a teinté toute l’histoire aussi», se souvient Jérôme Landry
Grâce à ses contacts, le journaliste de TVA, Denis Therriault, a assisté en direct à son arrestation.
«J’ai entendu M. Gillet qui parlait à la radio, donc on est allés voir tout de suite qu’est-ce qui allait se passer. Et effectivement, on est arrivé avant la fin de son émission, les enquêteurs sont arrivés et l’ont arrêté et on a eu l’image.»
L’Opération Scorpion était alors sur toutes les lèvres, tant parmi les citoyens de la ville que dans les médias.
«La machine à rumeurs s’est emballée assez rapidement. Ça a éveillé une certaine passion, peut-être un peu malsaine, chez les gens», se rappelle M. Therriault.
Les journalistes se livraient une véritable guerre de l’information.
«On avait poursuivi Robert Gillet avec nos caméras et nos micros dans le sous-sol du palais de justice avec son avocat Jacques Larochelle. On était crinqués comme on dit...», raconte M. Landry.
La médiatisation de l’affaire a cependant donné un coup de pouce indéniable aux policiers.
«De trente victimes on est monté à 61 victimes. Et si on avait eu du personnel pendant la période des Fêtes, ç’aurait été encore plus important que ça les arrestations à venir», souligne l’ex-enquêteur au Service de police de la Ville de Québec, Roger Ferland.
L’affaire a profondément choqué la population et rapidement, les procès sont devenus le théâtre de débordements.
«Les gens avaient des drapeaux, les gens criaient, invectivaient les clients du réseau de prostitution juvénile. Je pense que les gens voulaient que justice soit rendue», rapporte M. Landry «Les gens étaient enragés, mais parfois ça allait trop loin. Je comprends pourquoi les procès ont été déménagés à Montréal à un moment donné parce que c’était devenu un cirque.»
Vingt ans plus tard, Jérôme Landry se questionne sur le travail des médias à l’époque.
«Est-ce que c’est allé trop loin parfois? Peut-être que c’est allé trop loin, mais au moins les journalistes fouillaient de l’information et on s’intéressait à ça.»
Mais aux yeux de l’ex-enquêteur Roger Ferland, sans le travail des journalistes, l’impact de l’Opération Scorpion n’aurait pas été le même.
«Après ça, on a vu certaines entreprises journalistiques pousser vraiment plus loin que nous, en allant faire des enquêtes eux-mêmes sur le terrain et démontrer des choses extrêmement importantes. Pas les avoir eus, on n’aurait jamais pu se rendre là.»
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- avec les informations de Zoé Couture