20 ans de clubs échangistes au Québec: «Oui, c’est légal, c’est toléré, mais ce n’est pas tant accepté en fait»
Agence QMI
Le 20 décembre marquera 20 ans de légalisation des clubs échangistes au Québec, mais les tabous restent bien présents. Les propriétaires du Club L, un club de libertinage, misent sur la sexualité ouverte et le consentement pour les déconstruire.
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«Pour les adeptes, c’est sûr que ça a enlevé [...] la peur de se faire pogner par la police dans une descente un peu random, parce que sortir en serviette d’un club libertin, ce n’est pas super», a lancé à la blague Andrée Allard en entrevue au micro de Benoît Dutrizac, à QUB radio et télé, diffusée simultanément au 99,5 FM Montréal, vendredi.
Selon elle et son mari, Mateo Lapointe, la société québécoise montre davantage d’ouverture qu’il y a 20 ans.
«C’est sûr que ça a changé pour les gens qui veulent pratiquer le libertinage. Au moins, c’est légal, ils ont droit de le faire. Puis c’est un peu, pas reconnu, mais mieux vu par leurs proches si jamais ils en parlent», a-t-elle ajouté.
Mais malgré la légalisation du libertinage, de nombreux tabous persistent encore.
«Ça n’a pas enlevé les tabous, puis ce n’est pas plus vraiment facile. Tu sais, souvent ma petite phrase catch, c’est que “oui, c’est légal, c’est toléré, mais ce n’est pas tant accepté en fait”», a déclaré Mme Allard.
Elle souligne que les tabous et les jugements persistent à l’égard des couples pratiquant le libertinage, et que la compréhension gouvernementale reste limitée.
«Et le pire, c’est quand on arrive à se mélanger dans les demandes de permis, dans les demandes gouvernementales [...] C’est légal, mais on dirait qu’ils ne le savent pas eux autres», a-t-elle lâché.
Pour déconstruire les tabous et stéréotypes autour des couples libertins, le couple mise sur l’éducation positive en matière de sexualité.
«L’ouverture vers des relations sexuelles différentes, en fait, l’exploration aussi de sa propre sexualité, a-t-elle expliqué. On travaille depuis quand même presque un an à lever les tabous, une couche d’oignon.»
20 ans plus tard, le consentement d’autant plus important
Le couple affirme que le libertinage a beaucoup changé ces vingt dernières années, avec des améliorations notables concernant le consentement.
«Le consentement avant, c’était qui ne dit rien consent, a indiqué Andrée Allard. On recule 20 ans à l’arrière, c’était un peu plus houleux et ça pouvait apporter des situations désolantes.»
Lors de la création du Club L, le couple a jugé essentiel d’instaurer des règles de consentement pour les visites avec les nouveaux clients.
«De dire aussi que c’était normal de dire non, d’être capable de le dire aussi. C’est souvent une façon de dire, je veux pas déranger la personne. Là, oui, apprenez à dire non. Apprenez à le prendre aussi, parce que c’est important, tu te fais dire non. Ça crée un choc aussi», a renchéri Mateo Lapointe.
Cette initiative de créer un volet sur le consentement est née d’un réel besoin, puisque la majorité des clubs ne le proposaient pas auparavant.
«C’est un endroit quand on entrait, à part la visite des lieux, qui disait, “ah, les lumières sont là, les serviettes sont là”. C’était simple comme ça. Il fallait ajouter d’autres choses, parce qu’on entrait dans des clubs, et puis on ne savait pas comment ça pouvait fonctionner», a-t-il fait valoir.
Voyez l’entrevue intégrale dans les extraits vidéo et sonore ci-haut.