19e meurtre de l'année à Montréal: la victime n'hésitait pas à utiliser la violence pour parvenir à ses fins

Un criminel connu pour ses liens avec des gangs de rue, et qui n’hésitait pas à utiliser la violence pour parvenir à ses fins, a été assassiné tôt hier matin, en pleine rue, au cœur du centre-ville de Montréal.

Justice Owusu Tajudeen était un criminel endurci qui banalisait son comportement depuis l’adolescence, peut-on lire dans la plus récente décision de la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) à son sujet datant de 2020, dont Le Journal a obtenu copie.

Lors de son incarcération en 2018, lit-on, l’homme de 28 ans avait demandé d’être placé là où se trouvent les membres de gangs d’allégeance rouge. Or, il n’était pas reconnu par les autorités comme étant affilié à un groupe distinct, est-il précisé.

Néanmoins, Tajudeen est devenu hier matin la victime du 19^e meurtre de l’année dans la métropole.

Selon nos informations, il a été atteint par plusieurs balles au haut du corps, avant de s’effondrer devant une banque.

Vers 3h40, ce sont des patrouilleurs qui, après avoir entendu des détonations, sont tombés sur la victime, inconsciente, sur le trottoir de la rue Sainte-Catherine Ouest, près de la rue Guy. 

Transporté à l’hôpital, l'homme a rendu l’âme en matinée.

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Arme chargée

Tajudeen traînait un lourd passé criminel.

Selon le CLCC, sa criminalité comportait notamment une connotation violente, «[puisqu’il n’hésitait] pas à utiliser la violence pour parvenir à [ses] fins», apprend-on.

En 2015, Tajudeen a écopé d’une peine de 29 mois pour une invasion de domicile et une fraude à l’aide de cartes de crédit falsifiées, en Saskatchewan.

Puis, pas plus de cinq mois après sa libération, il a été arrêté pour avoir assené un coup de poing au visage d’un chauffeur de taxi à la sortie d’un bar, lit-on. C’était en septembre 2018.

En fuyant les policiers, Tajudeen avait lancé un sac, est-il expliqué. Dans celui-ci se trouvait une arme à feu chargée. Il s’était alors pris deux autres années d’emprisonnement.

Une fois en taule, il ne lui avait fallu que deux mois pour agresser physiquement un codétenu, indique le document.

Il s’est aussi fait poignarder lors d’une cavale de 26 jours, après avoir coupé son bracelet électrique. Cela lui avait valu de retourner derrière les barreaux en attendant sa libération d’office.

À l’époque, la Commission avait déterminé «[qu’]aucune mesure judiciaire et/ou encadrement imposé [n’avait] eu l’impact dissuasif escompté» sur Tajudeen, avait-elle justifié pour révoquer sa libération.

Changer de vie

Selon les autorités, il représentait toujours un risque élevé de récidive et n’était pas pleinement engagé dans la voie du changement.

Tout de même, son avocat, M^e Ramy El-Turaby, le décrit comme un client poli, respectueux, et qui aspirait à une vie meilleure, malgré tout.

«Il voulait vraiment s'éloigner de la prison. Ce n'est pas une situation dans laquelle il voulait se retrouver une autre fois», a-t-il confié hier au Journal, se disant surpris qu’il soit mort ainsi.

Tajudeen était en attente d’un procès à Montréal, dans une affaire de vol qualifié.

Au moins six douilles ont été retrouvées au sol, là où il a été tué. 

Aucun suspect n’a encore été appréhendé concernant son meurtre, dont le mobile demeure inconnu.

L’enquête se poursuit.

Meurtres par arme à feu à Montréal en 2023

• 26 juillet: Giovanni, Giamei, 45 ans, est retrouvé mort à bord d’une voiture, en plein cœur d’un quartier résidentiel de Montréal-Nord
• 5 juin : le mafieux Francesco Del Balso, 53 ans, est assassiné près d’une salle d’entraînement dans l’ouest de l’île
• 3 juin : Réjean Di Genova, 61 ans, est tué dans un édifice à logements du Village
• 17 mai : Alex Hudon, 28 ans, de Chicoutimi, est abattu dans un stationnement du quartier Ahuntsic
• 16 mai : Claudia Iacono, belle-fille de 39 ans du défunt mafieux Moreno Gallo, est assassinée dans sa voiture, sur la rue Jean-Talon Ouest
• 19 mars : Khaled Mouloudj, 18 ans, se fait tirer sur l’avenue Hérisson, près de l’autoroute 25, à Anjou

– Avec la collaboration d'Audrey Robitaille