16 signalements de disparition par jour au Québec


Maria Mourani
Ariel, Idris, Jessy, William, Xiao, Mekayla, Shannon Mary, Tamra, Julie, Sunshine, Samuel, Maika, Anthony, et je pourrais continuer ainsi, encore et encore. Tous disparus sans laisser de traces, sauf celle d’une douleur implacable dans l’âme et le cœur de leur famille.
L’ordre naturel de la vie veut que nous quittions cette terre avant nos enfants. Aussi pire que la mort, la lente agonie de ne pas savoir si ton enfant disparu reviendra ou si on retrouvera peut-être un jour ses restes dans un boisé, un lac, te permettant ainsi de faire enfin ton deuil.
Au Canada, en 2022, il a été recensé 31 344 disparitions d’enfants, dont 4665 au Québec. Quelque 83% de ces disparitions concernaient des fugues et 40% étaient des filles. Il faut savoir que des cas de traite de personnes sont souvent inclus par erreur ou confusion dans la catégorie «fugue».
Heureusement, dans 56% des cas de disparition, ces mineurs sont retrouvés dans les 24 heures et en dedans d’une semaine pour 89% d’entre eux. La très grande majorité est retrouvée dans leur région ou ville, d’où l’importance d’enclencher rapidement le processus de recherche.
Reste qu’une certaine proportion de ces mineurs n’est jamais retrouvée.
Alerte Amber
Cette alerte que nous connaissons tous bien – vous ne pouvez pas la rater, puisqu’elle fait un bruit sans précédent lorsqu’elle est déclenchée – vise à retrouver rapidement un enfant disparu avec l’aide de la population.
Ce programme nous vient des États-Unis et porte le nom d’une petite fille de 9 ans, Amber Hagerman, enlevée au Texas en 1996 et retrouvée morte 4 jours plus tard, à cause du manque de réactivité de la police, malgré le témoignage d’une personne ayant vu le kidnappeur.
Cette alerte est depuis 2003 implantée dans tous les États américains et a vu le jour chez nous le 26 mai 2003.
AlertEnfant +
Dernièrement, j’ai fait un petit tour à Trois-Rivières pour rencontrer M. Henri Provencher à sa fondation. Il est le grand-père de Cédrika, cette fillette de 9 ans disparue en 2007 et dont les ossements ont été retrouvés en 2015.
On a discuté des impacts de ce genre de tragédie sur les familles. De l’angoisse des 24 premières heures, les plus déterminantes, celles qui bien souvent font la différence entre un enfant retrouvé ou perdu, parfois pour toujours.
Il faut savoir qu’au Québec, seuls la SQ et le SPVM peuvent déclencher une alerte Amber, et ce, sous trois conditions: avoir des motifs raisonnables de croire qu’il y a eu enlèvement et que la vie de l’enfant est menacée ou qu’il risque de subir des lésions corporelles graves. Enfin, il faut avoir des informations précises sur l’enfant, le suspect et le transport utilisé par ce dernier.
Vous comprenez qu’une alerte Amber n’est pas automatique.
M. Provencher m’a donc parlé de son application, encore en rodage: AlertEnfant +. Elle permettrait aux utilisateurs de déclencher une alerte dès la disparition d’un enfant. Ce serait un genre de communauté de parents ou de familles connectée qui pourrait agir avant la prise en charge policière. L’alerte serait lancée dans la zone de disparition.
Cette application serait donc un complément à l’alerte Amber. Elle a au moins la fonction de permettre aux familles d’agir au lieu d’être dans l’angoisse de l’attente.