16 jours pour décider: Carney face au chantage de Trump pour annuler la taxe sur les géants du web

Julien McEvoy
Une coalition d’entreprises canadiennes presse Ottawa de suspendre la taxe sur les géants du web avant l’échéance du 30 juin, craignant des représailles américaines qui toucheraient directement les retraites et les placements de millions de familles.
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Six associations patronales majeures ont envoyé jeudi une lettre urgente au premier ministre Mark Carney, réclamant un moratoire sur la taxe de 3% imposée aux plateformes numériques américaines. L’enjeu dépasse la fiscalité: les représailles annoncées par Donald Trump menaceraient tous les Canadiens détenant des actifs américains.
«Chaque fonds de pension, compte de retraite et portefeuille d’investissement comportant des titres américains est en danger», préviennent les groupes d’affaires dans leur correspondance, comme rapporté vendredi par le Globe and Mail.
Des hausses d’impôt de 20%
La menace vient de la section 899 de la «grande et belle loi» budgétaire de Trump, adoptée de justesse le 22 mai par la Chambre des représentants par 215 voix contre 214, dont deux républicains qui s’y sont opposés.
Le projet se dirige maintenant vers le Sénat, où les républicains prévoient d’importantes modifications, prolongeant la navette parlementaire sans certitude sur l’adoption finale.
En vertu de la section 899, tous les Canadiens détenant des actifs américains sont des victimes collatérales, puisque leurs impôts peuvent bondir de 15%, actuellement, à 50%.
Concrètement, un retraité recevant 1000$ de dividendes sur des actions américaines paierait 500$ d’impôt au lieu des 150$ actuels, soit 350$ de moins dans ses poches.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Enseignants, employés municipaux, élus et familles verraient leurs placements américains être pénalisés. «L’effet domino de cette escalade reste évitable», insistent les associations, tandis que le sommet du G7 approche. Les dirigeants de la France, des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, du Japon et de l’Italie sont attendus du 15 au 17 juin à Kananaskis, en Alberta.
Trump a clairement identifié la taxe sur les géants du web comme un irritant commercial majeur. Vingt et un membres du Congrès américain ont d’ailleurs joint leurs voix jeudi pour presser le président d’agir contre Ottawa.
90% des revenus viennent des États-Unis
Ce sont 90% des sommes collectées par la taxe canadienne qui proviennent d’entreprises américaines, révèle la lettre du Congrès datée du 11 juin. Une «razzia fiscale discriminatoire sans précédent», selon les élus, qui craignent que d’autres pays suivent l’exemple canadien.
La coalition patronale canadienne souligne que «les conséquences désastreuses en aval restent évitables».
Le ministère des Finances François-Philippe Champagne n’a pas répondu jeudi aux demandes de commentaires sur cette pression croissante pour reporter l’échéance du 30 juin.
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