150 jours de guerre en Ukraine: voici où en est rendu le conflit
Agence France-Presse
Des missiles russes ont touché samedi le port d'Odessa, où sont traitées les céréales ukrainiennes destinées à l'exportation, a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'armée de l'air ukrainienne Iouri Ignat.
Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a condamné samedi cette attaque «répréhensible» sur le port d’Odessa.
En tirant ces missiles sur Odessa, le président russe a «craché au visage du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et du président turc Recep (Tayyip) Erdogan, qui ont déployé d'énormes efforts pour parvenir à cet accord», a réagi le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères Oleg Nikolenko.
L'accord doit permettre d'exporter entre 20 et 25 millions de tonnes de grain bloquées en Ukraine.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie - deux pays qui assurent notamment 30% des exportations mondiales de blé - a conduit à une flambée des cours des céréales et des huiles, frappant durement le continent africain très dépendant de ces pays pour son approvisionnement.
Voici un point sur la situation en Ukraine, au 150e jour de la guerre, à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.
Centre
Des frappes russes menées samedi dans le centre de l'Ukraine ont tué trois personnes.
Treize missiles de croisière russes lancés depuis la mer sont tombés près de la ville de Kropyvnytskyi située dans la région de Kirovograd (centre), a annoncé son gouverneur Andriy Raikovytch, précisant que des infrastructures ferroviaires et un aérodrome militaire ont été ciblés.
Nord-Est
Les séparatistes prorusses de l'autoproclamée «République populaire de Donetsk» (DNR), dans l'est de l'Ukraine, ont signé un accord de coopération avec les autorités d'occupation de la région de Kharkiv (nord-est), témoignant de la «volonté du Kremlin d'intégrer l'oblast de Kharkiv à la Fédération de Russie», écrit l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).
Est
Les forces russes poursuivent leurs bombardements sans relâche dans la région de Donetsk (est), au coeur de leur offensive militaire ces derniers mois.
La présidence ukrainienne y a recensé vendredi «cinq personnes tuées et 10 blessées au cours des dernières 24 heures».
Deux Américains sont décédés dans le Donbass, a indiqué à l'AFP samedi le département d'État, sans préciser s'il s'agissait de combattants.
Depuis le début de l'invasion russe, le 24 février, de nombreux volontaires étrangers, principalement européens, se sont rendus dans ce pays afin d'aider les forces de Kyïv. Leur nombre exact est difficile à estimer.
La Russie, qui dénonce régulièrement la présence de ces combattants sur le sol ukrainien, avait affirmé mi-juin avoir tué près de 2000 «mercenaires étrangers» depuis le début du conflit.
Sud
Selon le ministère britannique de la Défense, les forces ukrainiennes poursuivent leur offensive contre les Russes dans la région de Kherson, à l'ouest du fleuve Dniepr.
«Les chaînes d'approvisionnement russes à l'ouest du Dniepr sont de plus en plus à risque», alors que de nouveaux bombardements ukrainiens ont endommagé un pont-clé pour la logistique russe dans le secteur, estime le ministère.
Nouvelle aide américaine à Kyïv
Les États-Unis ont annoncé vendredi soir une nouvelle tranche d'aide militaire à l'Ukraine à hauteur de 270 millions de dollars, comprenant notamment quatre nouveaux systèmes d'artillerie de précision Himars.
Washington aura ainsi fourni à Kyïv un total de 20 unités de ces lance-roquettes multiples montés sur des blindés légers après cette nouvelle livraison, a précisé John Kirby, porte-parole de la Maison Blanche sur les questions stratégiques.
Les Himars, très mobiles, tirent des missiles guidés par GPS et dotés d'une portée de 80 kilomètres, permettant ainsi à l'Ukraine d'atteindre des cibles russes auparavant hors de portée.
Dizaines de milliers de morts
Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. L'ONU a recensé près de 5.000 morts confirmés, dont plus de 300 enfants, mais leur nombre véritable est sans doute largement supérieur. Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), les autorités ukrainiennes évoquaient quelque 20 000 morts.
Sur le plan militaire, le chef d'état-major des armées britanniques, l'amiral Tony Radakin, a évalué dimanche dernier à 50 000 le nombre de soldats russes tués ou blessés. Kyïv a fait état de 10 000 morts dans ses troupes.
Aucune statistique indépendante n'est disponible.
Ukrainiens déplacés ou réfugiés
Plus de six millions d'Ukrainiens sont déplacés à l'intérieur de leur pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR).
Ils s'ajoutent aux quelque 5,5 millions d'Ukrainiens enregistrés en tant que réfugiés dans d'autres États européens depuis le début de l'invasion.