15 mois pour un acuponcteur aux mains longues qui a profité de la «vulnérabilité extrême» d'une patiente
La victime était prisonnière des aiguilles reliées par un courant électrique quand il lui a fait des attouchements


Pierre-Paul Biron
Un acuponcteur de Québec a été condamné à 15 mois de prison pour des touchers à la vulve d’une cliente alors que celle-ci était «sans défense», captive des aiguilles liées par un courant électrique qui la rendaient prisonnière de la table de traitement de Bending Zhou.
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«Les gestes posés par l’accusé sont l’illustration même d’une prise de contrôle de l’intégrité physique et sexuelle de la victime et l’imposition, par la force, de sa volonté [à lui]», a fait remarquer le juge de la Cour supérieure Carl Thibault dans sa décision, qualifiant l’état de la victime de «vulnérabilité extrême».
En février 2023, lors du quatrième traitement de la femme avec l’acuponcteur pour des douleurs dues à des contractions vaginales, elle s’est retrouvée seule avec Zhou dans sa clinique.
Après avoir installé des aiguilles dans son dos, puis un fort courant électrique entre elles, l’acuponcteur de 72 ans lui a parlé d’en ajouter au niveau du coccyx.
La femme n’a jamais eu le temps de répondre avant que Zhou ne lui baisse sa petite culotte avant de glisser sa main sous elle.
Sur sa vulve, il a fait ce qu’elle avait décrit au procès comme des «mouvements de masturbation».
Il a ensuite quitté la salle, laissant la dame en état de choc, prisonnière des aiguilles et du courant électrique qui les traversait pendant de longues minutes.
La femme a ensuite entendu des «bruits de jouissance» provenant de la pièce d’à côté.
Abus de confiance
«Je me suis sentie sans défense, prisonnière, vulnérable et à sa merci», a confié la victime dans une déclaration des conséquences du crime sur sa vie. Anxiété, problèmes de sommeil et hypervigilance meublent maintenant sa vie.
Le juge Thibault a qualifié cet état de grande vulnérabilité de facteur aggravant dans l’évaluation de la peine à imposer à Bending Zhou.
L’abus de confiance d’une patiente dans le besoin qui ne cherche qu’à trouver un soulagement auprès d’un thérapeute reconnu a aussi pesé dans la balance.
«Les clients d’un professionnel de la santé sont en droit de s’attendre à ce que leur intégrité physique, psychologique et sexuelle soit respectée. [...] L’accusé a été opportuniste et a transgressé les frontières de l’intimité de la victime», a souligné le magistrat en imposant à l’acuponcteur une peine de 15 mois de détention ferme, assortie d’une probation surveillée.
La procureure au dossier, Me Andréanne Sirois, réclamait une peine de 18 mois au terme du procès qui s’est déroulé devant jury.
«Négation complète»
Le délinquant de 72 ans, lui, continue de nier les faits.
Son avocat, Me René Verret, avait plaidé pour l’imposition d’une peine de 12 mois dans la collectivité.
Mais en réalisant qu’il prenait le chemin des cellules, Bending Zhou, froid et en contrôle depuis le début des procédures, s’est désorganisé.
«Je ne l’ai pas touchée! Je ne l’ai pas touchée», a-t-il crié à répétition, en larmes.
Cette non-reconnaissance des faits et même des conséquences que son agir criminel a pu avoir sur la plaignante ont aussi joué un rôle dans l’établissement de la peine.
«Sa négation complète [...] démontre que la réhabilitation de l’accusé est loin d’être amorcée», a expliqué Carl Thibault dans sa décision jeudi matin.
Pourtant, s’il s’agit d’une première accusation criminelle contre Bending Zhou, son dossier à l’Ordre des acuponcteurs n’était pas aussi reluisant.
L’homme d’origine chinoise avait été radié environ 23 mois en 2013 pour des «gestes abusifs à caractère sexuel».
Une radiation de sept ans s’est ajoutée avec le présent dossier.
Fait à noter, la victime dans cette affaire a aussi déposé une poursuite civile contre son agresseur, réclamant 175 000 $ à Bending Zhou.
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