15 ans de taule pour avoir voulu tuer une ex
Michel Boucher venait d’être arrêté chez la femme par les policiers, mais il y est retourné quelques heures plus tard pour tenter de «l’achever»


Pierre-Paul Biron
Un homme violent, qui a eu le culot de retourner chez une ancienne partenaire intime quelques heures seulement après avoir été arrêté chez cette dernière puis libéré sous condition, a écopé de 15 ans de pénitencier pour avoir essayé de la tuer à coups de couteau.
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En prononçant la peine contre Michel Boucher jeudi, le juge Jean Asselin a souligné avec justesse que les crimes de l’homme de 55 ans «choquent la conscience».
Le délinquant a abusé de la gentillesse et de la générosité de sa victime en lui pourrissant l’existence, alors que cette dernière l’a hébergé pour l’aider avec ses problèmes de consommation, en plus d’avoir finalement été dans une relation intime avec lui quelques semaines. L’escalade de gestes violents de Michel Boucher a été rapide; il est question d’appels répétés, de messages textes insistants, de colère en état d’intoxication, et d’une agression physique en l’étranglant.
Puis, le 5 mai 2022, sa victime en a eu assez et a décidé d’appeler les policiers. Ces derniers ont arrêté Boucher et l’ont relâché avec une promesse de comparaître et des conditions devant protéger la femme, notamment celle de ne pas se présenter à son adresse.

Poignardée au thorax
Mais le délinquant n’avait visiblement rien à faire de ces conditions, lui qui a eu l’audace d’appeler et de texter la femme pendant qu’elle était encore avec les policiers pour remplir sa déclaration.
Un policier a même pris le téléphone de la femme pour dire à Boucher qu’il contrevenait aux conditions tout juste signées et qu’il devait «la laisser tranquille».
Michel Boucher s’est toutefois pointé à l’appartement de la femme de Beauport quelques heures plus tard, visiblement décidé à en finir.

Il a défoncé la porte d’entrée et l’a attaquée au couteau, lui lacérant d’abord un doigt avant de parvenir à la poignarder au thorax.
Puis, quand elle a pris la fuite vers l’extérieur, son agresseur l’a poussée, avant de la frapper à coups de pied en lui criant de retourner à l’intérieur.
«Lève-toi, ma tabarnak, viens en dedans que je t’achève», lui a ordonné Boucher.
En détresse, blessée au poumon et crachant du sang, la victime est parvenue à fuir vers le stationnement de son immeuble. À cet endroit, un chauffeur de taxi qui passait par là lui a permis de monter à bord pour se protéger de son assaillant, lui sauvant probablement la vie.
Elle garde toujours des séquelles de l’attaque, elle qui n’a toujours pas pu reprendre le travail. Alors qu’on lui a diagnostiqué un trouble de stress post-traumatique, elle a témoigné qu’elle avait toujours «une peur persistante pour sa sécurité».

Profil peu reluisant
Le ministère public réclamait une peine globale de 15 ans pour la tentative de meurtre et pour les voies de fait lors de l’épisode où Boucher a tenté d’étrangler sa victime quelques jours plus tôt.
En défense, Me Samuel Cozak suggérait plutôt l’imposition d’une sentence de cinq ans. Son client avait pourtant une feuille de route déjà bien garnie, lui qui avait déjà deux antécédents en matière de violence conjugale, en plus d’autres condamnations en matière acquisitive ou de violence.
Le juge Asselin a clairement tranché en faveur de la poursuite, déplorant la brutalité des gestes posés par Michel Boucher et leur préméditation. «Sa responsabilité morale est entière. Ses crimes suivent l’expression de ses idées agressives et violentes», a souligné le magistrat, déplorant que l’accusé se positionne encore aujourd’hui en victime pour ses déboires judiciaires.
Un rapport présentenciel évoquait, oui, les abus subis par l’homme dans sa jeunesse, mais précisait que son discours déresponsabilisant était «troublant».
«Le profil du délinquant est peu reluisant et son pronostic de réhabilitation apparaît sombre», a indiqué le juge Asselin pour justifier l’imposition de la peine de 15 ans.
Vu la détention préventive de Boucher, incarcéré depuis les événements, il lui restera un peu moins de 11 ans de pénitencier à purger.
Le Bureau des enquêtes indépendantes avait enquêté sur l’événement du 5 mai 2022, puisque Michel Boucher avait été arrêté, puis relâché quelques heures seulement avant la tentative de meurtre. Le DPCP avait annoncé en juillet 2023 qu’aucune accusation ne serait portée contre les policiers.
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