Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

14 ans, une lame ou une arme à feu et tout bascule!

PHOTO FACEBOOK
Partager
Photo portrait de Maria Mourani

Maria Mourani

2025-05-22T04:00:00Z
Partager

Gabriel Mena Cruz, 16 ans, est mort le 15 mai dernier, poignardé à Saint-Jean-sur-Richelieu. Son meurtrier? Un ado de 14 ans. 

Gabriel n’était pas un membre de gang. C’était un jeune comme un autre. Sur son lit d’hôpital, avant de mourir, il laisse un enregistrement vidéo à son père. Il lui dit qu’il l’aime et qu’il aurait dû suivre ses conseils d’arrêter de défendre ses amis victimes d’intimidation. Une vidéo d’adieu qu’aucun parent ne devrait recevoir.

L’agresseur a été arrêté le lendemain. Il est accusé de meurtre non prémédité. La Couronne veut qu’il soit jugé comme un adulte. Il risque la prison à vie.

On aimerait croire à un cas isolé, mais ce genre de drame s’additionne, faisant presque partie maintenant de notre paysage médiatique.

Une violence impulsive, gratuite, dont on a du mal parfois à saisir le sens.

Les gangs, oui, mais...

Dès qu’un mineur commet un homicide avec une arme ou une fusillade, on a le réflexe de croire que ce sont des jeunes liés à des gangs ou tout du moins criminalisés.

Bien que les groupes criminels tendent à gonfler les taux d’homicides commis par des mineurs, on aurait tort de tout mettre sur leur dos.

Il est vrai que, depuis la pandémie, on constate un recrutement de plus en plus jeune pour les «contrats» d’assassinat, tels des enfants soldats. On se souviendra de ce jeune de 14 ans qui était allé en Beauce exécuter une commande contre les Hells.

Publicité

Nous ne sommes pas les seuls à observer ce type de recrutement. En Europe, Europol constate une augmentation des mineurs, parfois âgé de 13 ans, parmi les tueurs à gages qui œuvrent pour le compte d’organisations criminelles.

Cependant, certains homicides sont le fait de jeunes lambda. Bien souvent, la violence est tout simplement gratuite.

Qu’est-ce qui pousse un jeune lambda à tuer?

L’adolescence rime avec impulsivité, immaturité et prise de risque. L’immaturité du cortex préfrontal rend cette période propice à une lobotomisation algorithmique.

Depuis la pandémie, on observe une décomplexion de la violence. C’est devenu normal de cracher son venin autour de soi et sur les réseaux sociaux.

Frapper, menacer, intimider, poignarder, et pourquoi ne pas enregistrer la scène pour faire le buzz sur les réseaux sociaux? Dans un monde où la violence est banalisée, certains franchissent la ligne.

Si vous combinez ces ingrédients à un manque d’empathie, de discernement entre le bien et le mal, d’estime de soi et d’habiletés sociales, vous avez un cocktail explosif.

Cependant, ces adolescents ne sont que le reflet de notre société. Il faut savoir que l’enfant apprend par imitation et observation.

Que voit-il du monde qui l’entoure?

Des guerres, des génocides commis dans la plus grande indifférence, des femmes et des enfants exploitées sexuellement, des politiciens corrompus et violents, etc.

Des adultes qui ne savent pas parler sans agressivité et insultes. Il voit un monde où la bienveillance et l’empathie riment avec faiblesse.

On observe alors une désensibilisation croissante à la souffrance d’autrui. L’autre est vu comme un avatar, une menace, une donnée négligeable.

Les jeunes sont bombardés de contenus où la violence est spectaculaire, virale, récompensée par des likes. La mort est virtualisée, expurgée de la réalité. Ces biais sont renforcés par les algorithmes qui accentuent la perception de l’acceptabilité et de la valorisation de la violence.

Et vous croyez qu’un monde pareil peut continuer à exister sans créer des monstres?

Publicité
Publicité