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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

12 rues, 140 km et 123 sacs de déchets en un an

Un Français découvre Montréal en ramassant à la course les déchets sur une rue complète chaque mois

James Guilbaud se rend utile tout en s’entraînant en ramassant tous les déchets sur son chemin.
James Guilbaud se rend utile tout en s’entraînant en ramassant tous les déchets sur son chemin. Photo Agence QMI, Joël Lemay
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Photo portrait de Louis-Philippe  Messier

Louis-Philippe Messier

2022-01-31T05:00:00Z
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À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.


12 rues, 140 km et 123 sacs d’ordures. C’est le bilan du coureur montréalais James Guilbaud après un an à décrasser les artères de Montréal.

L’an dernier, il a couru les rues Wellington, Saint-Jacques, l’avenue du Mont-Royal, le boulevard de Maisonneuve, Sainte-Catherine, Beaubien, de la Commune, Saint-Joseph, Verdun, Hochelaga, Rachel et Saint-Paul. 

Je l’avais d’ailleurs rencontré en avril pour « décochonner » l’avenue du Mont-Royal.

Les pires rues

La rue où il y a vraiment trop peu de poubelles publiques ? Hochelaga.

« Je me retrouvais toujours avec des sacs pleins à transporter sans jamais voir de poubelles où me décharger. » 

La palme de la saleté revient à une rue du Vieux-Montréal : Saint-Paul.

Sur les tronçons de rue propres, James Guilbaud en profite pour accélérer afin de rattraper le temps « perdu » à nettoyer.
Sur les tronçons de rue propres, James Guilbaud en profite pour accélérer afin de rattraper le temps « perdu » à nettoyer. Photo Agence QMI, Joël Lemay

« En 4 kilomètres de course sur Saint-Paul, je passais mon temps accroupi à ramasser... j’ai rempli neuf sacs ! Plus de déchets que pendant mes 18 kilomètres sur la rue Beaubien. »

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La neige influence bien sûr les statistiques. Son blanc manteau dissimule bien des horreurs qui ne resurgiront qu’au printemps.

Outil de découverte

Arrivé à Montréal en 2018, M. Guilbaud, originaire de Nantes en France, utilise son projet #1rueparmois, qu’il diffuse en photos sur Instagram, pour découvrir sa ville d’adoption. 

« En 2021, j’ai couru 12 rues est-ouest, d’un bout à l’autre, des deux côtés, et en 2022, ce sera 12 rues nord-sud, ce qui sera un peu plus difficile en raison du dénivelé. »

Au menu des prochains mois, donc, il y aura des artères aussi illustres que Saint-Laurent ou Saint-Denis.

« J’ai hâte de pouvoir dire que j’ai fait intégralement ces rues très importantes et symboliques de Montréal », me dit l’homme de 33 ans qui travaille chez Tourisme Montréal pour « vendre » la métropole comme destination aux Américains.

Il vide ses sacs dans les poubelles municipales… lorsqu’il y en a.
Il vide ses sacs dans les poubelles municipales… lorsqu’il y en a. Photo Agence QMI, Joël Lemay

« Je partirai du fleuve et j’irai à l’extrémité opposée de la rue, puis je reviendrai vers le fleuve... pour rappeler que c’est justement dans l’eau et dans les océans que nos déchets aboutissent. »

Jamais tranquille

À force de pratiquer le loisir très utile qui consiste à courir avec un sac et à se pencher pour ramasser tous les détritus visibles, on développe une sorte de mauvais œil... On remarque chaque petit déchet et on se rend alors compte qu’il y en a partout ! 

En entrevue avec moi, tandis que nous marchons sur la rue Wellington près du métro de L’Église, James Guilbaud n’a jamais l’œil tranquille. Il continue de nettoyer le trottoir, avec moi.

« C’est devenu comme un réflexe conditionné et je dois parfois me dire : pas maintenant, James, ce n’est pas le moment de ramasser les déchets pendant une sortie avec ma blonde ! »  

En suédois, cette activité de course avec ramassage de déchets porte un nom : plogga.

Et le projet fait fait des émules. Une résidente de Québec, Anne-Marie Gingras, a décidé de l’imiter. 

« J’ai fait pour l’instant les rues Saint-Jean, le boulevard Montmorency, l’avenue D’Estimauville et la 3e avenue à Limoilou », me dit celle qui gère le groupe Facebook Nettoie ton kilomètre.

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