Revue 2022: l'année culturelle en 12 moments marquants
Cédric Bélanger, Maxime Demers, Raphaël Gendron-Martin, Bruno Lapointe, Yves Leclerc et Sarah-Émilie Nault
Ils nous ont émerveillés. Ils ont brillé, ils nous ont fait rire, réfléchir, chanter, danser. Enfin libérés des griffes des restrictions liées à la COVID-19, les artistes d’ici et d’ailleurs nous ont fait de beaux cadeaux en 2022. Nos journalistes en ont sélectionné 12 qui permettent de jeter un dernier regard sur une année culturelle riche en surprises et en émotions.
Des salles remplies et des vedettes internationales

Après deux années de vaches maigres en raison de la circulation pandémique d’un virus dont nous tairons charitablement le nom, la vie culturelle a repris son cours normal de façon spectaculaire, en 2022, dans toutes nos salles de spectacles, nos cinémas, nos musées, nos théâtres et nos grands espaces extérieurs qui accueillent nos festivals estivaux.
Il y a quand même eu des sueurs froides. En janvier, lorsque le Québec s’est à nouveau retrouvé sur pause à la suite d’une autre vague de COVID-19 et de ses ennuyeux variants, des spectacles et des festivals ont dû être reportés ou même annulés. Personne ne la trouvait drôle.
Heureusement, ce n’était qu’un faux départ. Les restrictions ont finalement toutes été levées. Cette fois, la culture a gagné.
Après les timides percées de 2020 et 2021, nous avons vécu la vraie réouverture. Enfin, les artistes et les foules ont pu communier en personne, sans distanciation sociale et sans couvre-visage, et nous ne nous en sommes pas privés. Au diable les spectacles virtuels. Rien ne bat le plaisir de danser, chanter, rire et applaudir tous ensemble.
Le retour des foules dans les salles a coïncidé avec la réouverture des frontières. Sans période d’isolement à respecter, les vedettes internationales ont pu revenir nous divertir et la récolte a été abondante. Imagine Dragons, Luke Combs, Rage Against The Machine, Dua Lipa, Tom Jones, Ringo Starr, Bryan Adams, Stromae et Rammstein, pour n’en citer que quelques-uns, ont tous fait vibrer les Québécois en 2022.
Pour citer une chanson connue, ce n’est pas fini, c’est rien qu’un début, puisque malgré l’inflation galopante, 2023 s’annonce aussi excitante.
– Cédric Bélanger
Le conte de fées de Jeanick Fournier

Par un beau soir d’avril, tout le Canada a découvert ce que les gens du Saguenay savaient depuis longtemps. Jeanick Fournier a une voix en or. En chantant à la télé nationale I Surrender, une chanson peu connue de son idole Céline Dion, cette maman de deux enfants handicapés et préposée aux bénéficiaires, âgée de 49 ans, est sortie de l’ombre de la plus percutante des façons et a écrit le plus beau conte de fées de l’année 2022 dans le domaine artistique québécois. Elle a ensuite été couronnée championne de Canada’s Got Talent, a signé un contrat de disques avec la multinationale Universal et nous a surtout fait la preuve qu’il n’y a pas d’âge pour réaliser ses rêves.
– Cédric Bélanger
Une année de rêve pour Charlotte Cardin

Des concerts à guichets fermés au Québec, aux États-Unis et en Europe, un grand spectacle sur les plaines d’Abraham pour la soirée d’ouverture du Festival d’été de Québec et quatre prix Juno (et pas les moindres, artiste, album, album pop et chanson de l’année) : Charlotte Cardin a connu une année de rêve en 2022. Pendant que notre Céline nationale est en convalescence, une autre voix féminine québécoise a repris le flambeau. Il serait hasardeux de lui prédire les mêmes sommets que Céline hors de nos frontières, mais les 12 derniers mois ont établi une certitude : Charlotte Cardin fera notre fierté pendant longtemps.
– Cédric Bélanger
Le cinéma Québécois transporté par Confessions et 23 décembre

La pandémie a mené la vie dure au milieu du cinéma québécois qui a dû composer pendant plus de deux ans avec des fermetures de salles à répétition et de nombreux reports de films. En 2022, quelques succès au box-office ont permis à l’industrie de voir de la lumière au bout du tunnel. Ainsi, après avoir été repoussé à quelques reprises en raison des diverses vagues de COVID-19, le thriller Confessions, de Luc Picard, a cartonné l’été passé, récoltant 1,3 M$ aux guichets de la province. Puis, depuis deux semaines, c’est au tour du film de Noël 23 décembre de connaître un joli succès au box-office. La comédie romantique écrite par India Desjardins (Le journal d’Aurélie Laflamme) et réalisée par Miryam Bouchard (Mon cirque à moi) a dépassé le cap du million de dollars de recettes, seulement 16 jours après sa sortie en salles.

L’autre bonne nouvelle, c’est que cette embellie devrait se poursuivre au cours des prochains mois. On a récemment appris que le cinéaste oscarisé Denys Arcand (Les invasions barbares, Le déclin de l’empire américain) a tourné cet automne son prochain film, Testament, avec une pléiade de vedettes (dont Rémy Girard, Sophie Lorain, Guylaine Tremblay, Robert Lepage, Louis-José Houde et Marie-Mai). Le long métrage est attendu sur nos écrans en 2023.
– Maxime Demers
La première série télé de Xavier Dolan

Quel beau cadeau de fin d’année que nous a offert le cinéaste Xavier Dolan en lançant, il y a quelques semaines, sur Club illico, la superbe série La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, sa première production télé adaptée de la pièce du même titre de Michel Marc Bouchard. Dirigé d’une main de maître par un Dolan au sommet de son art, ce thriller dense et captivant décliné en cinq épisodes s’appuie sur des performances magistrales de Patrick Hivon, Julie Le Breton, Éric Bruneau et Magalie Lépine-Blondeau.
– Maxime Demers
Top Gun et le retour des gros canons hollywoodiens

On l’attendait depuis des années et on n’a pas été déçu. En 2022, le plus beau cadeau qui a été offert aux cinéphiles (et à l’industrie du cinéma en général) est sans contredit la sortie très attendue de la suite de Top Gun, film culte de 1986. Lancé en grande pompe à la fin mai après avoir été projeté au prestigieux Festival de Cannes, Top Gun : Maverick a trôné tout l’été au sommet du box-office et a même récemment repris l’affiche dans plusieurs cinémas à travers le monde. Avec des recettes de 1,5 milliard $ au box-office mondial, le spectaculaire film d’action mettant en vedette Tom Cruise s’est hissé au 11e rang des films les plus lucratifs de l’histoire.
Il n’y a pas que le retour du pilote intrépide Maverick qui a fait le bonheur des cinéphiles et des propriétaires de cinémas en 2022. Plusieurs gros canons hollywoodiens ont aussi contribué à ramener le public en salle. Ce fut le cas notamment de Docteur Strange dans le multivers de la folie, Monde jurassique : la domination, Les minions 2 : Il était une fois Gru et, plus récemment, de Black Panther : Longue vie au Wakanda, qui cumule déjà 800 millions $ au box-office mondial à peine un mois après sa sortie.
– Maxime Demers
Le succès populaire colossal de Chanteurs masqués

Repris dans 44 pays à travers le monde, le concept de Chanteurs masqués avait fait ses preuves. Pourtant, le succès colossal de la flamboyante version québécoise en a surpris plus d’un. Nous nous sommes fait une joie de tenter de découvrir – comme doivent le faire les juges – les personnalités qui se cachaient sous les costumes colorés. La victoire de la chanteuse Véronique Claveau, avec la pièce Tous les cris les S.O.S., restera gravée dans les mémoires.
– Sarah-Émilie Nault
Le combat Indéfendable c. STAT profite aux téléspectateurs

Nous redoutions un peu de voir quelle émission allait reprendre la case horaire de la populaire série District 31, mais force est d’admettre que nous avons reçu non pas un, mais bien deux cadeaux télévisuels avec les séries STAT et Indéfendable.

La première nous a plongés dans l’univers des urgences hospitalières en compagnie d’Emmanuelle St-Cyr (un beau retour au Québec pour la talentueuse Suzanne Clément) et ses amis soignants, et la seconde nous a permis de retrouver Sébastien Delorme en Me Léo Macdonald, un avocat de la défense plutôt droit, mais prêt à tout pour faire acquitter ses clients. Un beau combat et les téléspectateurs en sortent gagnants.
– Sarah-Émilie Nault
Les festivals ont retrouvé leur public

Après deux étés passablement chamboulés par la pandémie – qui a oublié les étranges spectacles dans les ciné-parcs en 2020 ? – la saison 2022 des festivals a été marquée par un retour à la vie d’avant la COVID.

À Montréal, les Francos ont donné le coup d’envoi de brillante façon, en juin, en programmant notamment des spectacles extérieurs d’Hubert Lenoir, Koriass, Louis-Jean Cormier et Loud Lary Ajust. Les spectateurs se comptaient par dizaines de milliers et on sentait enfin une frénésie dans la ville. Au début juillet, alors que le Festival international de jazz battait son plein dans le Quartier des spectacles, avec la présence entre autres de Kamasi Washington et The Roots, à l’autre bout de la 20, le Festival d’été de Québec retrouvait ses festivaliers sur les plaines d’Abraham avec des concerts très courus de Rage Against The Machine, Maroon 5 et Alanis Morissette.

Plus tard durant l’été, evenko a pris d’assaut le parc Jean-Drapeau de Montréal avec la présentation coup sur coup d’Osheaga, ÎleSoniq et Lasso. Le premier festival du trio a célébré son 15e anniversaire de belle façon avec les concerts d’Arcade Fire, en remplacement des Foo Fighters, Future et Dua Lipa. Les amateurs de musique électronique ne se sont pas fait prier pour danser lors du second, avec les prestations de Swedish House Mafia et Sean Paul. Enfin, après deux années de report, le troisième festival a enfin rassemblé les amateurs de country au son notamment de Dierks Bentley et Luke Bryan.
– Raphaël Gendron-Martin
Starmania renaît à Paris

Plus de 40 ans après sa création, Starmania renaissait cet automne dans sa forme la plus éclatée grâce au metteur en scène français Thomas Jolly. Un événement grandiose, éblouissant et porté par des voix stellaires, mais surtout digne du génie de Luc Plamondon et Michel Berger.
La presse locale et internationale n’a pas tardé à couvrir d’éloges cette nouvelle mouture à la suite de sa grande première parisienne, le 8 novembre dernier. « Ultra-spectaculaire », « tonique », et « pétaradant » ne sont que quelques-uns des superlatifs utilisés pour décrire la version actuelle de cette œuvre intemporelle.
Le spectacle, qui compte sur les talents des Québécois David Latulippe, Miriam Baghdassarian, Gabrielle Lapointe et William Cloutier, tient toujours l’affiche à la Seine musicale de Paris. Les rumeurs quant à un passage au Québec, l’an prochain, vont également bon train.
– Bruno Lapointe
Notre-Dame de Paris triomphe sur Broadway

En 25 années d’existence, le spectacle musical Notre-Dame de Paris a séduit les publics des quatre coins de la planète, du Québec à la Corée du Sud, en passant par Londres, la Chine, la Turquie, l’Italie et le Liban. Il lui restait toutefois un marché important à percer : New York. C’est désormais chose faite.
L’opéra-rock de Luc Plamondon et Richard Cocciante n’a fait qu’une bouchée de la Grosse Pomme, l’été dernier, envoûtant critiques et public tout au long de ses 12 représentations au prestigieux Lincoln Center. Tout ça, en comptant sur une importante présence québécoise.
En plus de la distribution régulière formée de Daniel Lavoie (Frollo), Yvan Pedneault (Phœbus) et Emma Lépine (Fleur de Lys), les doublures Robert Marien (Frollo), Mike Lee (Clopin), Philippe Tremblay (Quasimodo) et Jaime Bono (Esmeralda et Fleur de Lys) y ont défendu les titres de Luc Plamondon en français, avant de rentrer au Québec pour une tournée à travers la province.
– Bruno Lapointe
Yannick Nézet-Séguin à la chasse aux Grammy

Yannick Nézet-Séguin a reçu cinq de ses cadeaux avant Noël. Le chef et directeur artistique de l’Orchestre Métropolitain et du Metropolitan Opera est en nomination pour cinq prix Grammys. La cérémonie aura lieu le 5 février à Los Angeles.
Il est en nomination dans la catégorie du meilleur enregistrement d’opéra avec les œuvres contemporaines Eurydice de Matthew Aucoin et Fire Shut Up in My Bones de Terence Blanchard présentées au MET. Le chef québécois est aussi en nomination pour la meilleure prestation par une chorale avec le concert Verdi : Requiem – The Met Remembers 9/11, comme pianiste pour le meilleur album solo vocal pour l’opus Voice of Nature : The Anthropocene de la soprano Renée Fleming et pour le meilleur recueil classique avec l’album A Concert for Ukraine.
Yannick Nézet-Séguin avait remporté un premier Grammy, en avril dernier, pour l’enregistrement, avec l’Orchestre symphonique de Philadelphie, de deux symphonies de la compositrice afro-américaine Florence Price.
– Yves Leclerc