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L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

110e Tour de France: c’est fascinant, couvrir le Tour de France... mais ça n’a rien de «glamour»

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Photo portrait de Jean-François Racine

Jean-François Racine

2023-07-03T14:23:11Z
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EIBAR - Ne vous méprenez pas, nous sommes privilégiés d’être sur le Tour de France, mais certains amateurs de cyclisme ont tendance à surestimer le côté glamour de notre métier.  

«Chanceux! Amusez-vous bien!» Un instant, les amis.  

Répétons-le une seconde fois. Nous sommes ici par plaisir et passion, mais le plaisir est parfois relatif. La journée typique est assez particulière.  

Tôt samedi matin, nous avons marché environ deux kilomètres pour assister au départ autour de 12h30 à Bilbao. Il faut savoir s’y prendre tôt parce que la majorité des villes sont envahies et la circulation, même piétonnière, peut devenir difficile.  

Ensuite, il faut évidemment faire le pied de grue près de l’autocar de l’équipe de Houle et Boivin.  

Longs déplacements

Plusieurs médias, pour s’économiser un peu, filent directement à la ligne d’arrivée dès le matin. 

Nos Québécois ont toutefois quelques minutes supplémentaires le matin avant l’épreuve. 

C’est aussi l’occasion de discuter avec l’entourage de l’équipe, ou la foule, alors il vaut mieux ne pas sauter cette partie.  

Aussitôt le coup de pistolet donné, le métro souterrain est le meilleur moyen de transport pour atteindre l’arrivée à Bilbao, qui, exceptionnellement, se fait à proximité en raison d’une étape en boucle.  

Quelques stations plus loin, direction la salle de presse pour écouter un peu la course avec des centaines de confrères à l’ouvrage. Je suis installé dans un gymnase pour l’occasion, l’endroit sent effectivement le gymnase.  

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Alors que le plus excitant de l’étape commence, il faut retourner vers le bus de la formation IPT pour réussir à recueillir les commentaires à chaud un peu après la ligne. 

Les attaques, les chutes et les célébrations, les téléspectateurs les voient souvent mieux que nous.  

Logistique importante

Si l’écran n’est pas allumé pour la diffusion des derniers kilomètres dans l’autocar, il faut se rabattre sur nos cellulaires ou s’agglutiner près du véhicule d’une autre équipe qui a daigné brancher la télé.

Ce qui veut dire un jogging assuré puisque les 22 autocars sont alignés sur plus d’un kilomètre. 

Normalement, nos trois Canadiens accordent en moyenne trois minutes chacun à la presse avant de disparaître à l’intérieur du bus à la douche. Il ne faut pas rater sa seule occasion.  

Nous retournons ensuite à la salle de presse après une autre bonne marche. Il est environ 18h. 

Samedi soir, avec une production bien amorcée, le GPS indiquait 4,2 km de marche vers l’hôtel. 

Si le rythme est bon, le trajet se fait en 40 minutes. Allons-y en piéton. 

De toute façon, le choix du métro prendrait quelques minutes seulement pour s’assurer d’éviter les erreurs de direction. 

Vers 22h, après un total de 15 kilomètres à pied inscrit sur la montre, il restait encore un bon 90 minutes de travail. 

Après avoir parlé à la famille vers minuit, décalage oblige, impossible de trouver quelconque lieu pour souper, même en Espagne, pays réputé pour manger très tard. Ce sera deux Heineken et un petit sac de Lay’s de la distributrice en attendant le petit déjeuner. De toute façon, les tapas et les sandwichs aux piments dans l’huile... Je me plais à songer à une toast au Nutella et aux bananes préparée par mon fils. La gastronomie québécoise, même enfantine, n’a rien à envier au reste de la planète. 

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Si vous pensez une seule seconde qu’il y a motif à se plaindre, détrompez-vous et relisez le premier paragraphe.  

Dimanche, après un début de journée identique, il y avait 120 kilomètres de voiture pour rallier la ville suivante. 

Comme nous sommes obligatoirement en itinéraire hors course, c’est-à-dire que nous ne pouvons pas circuler sur le circuit des cyclistes, il faut toujours compter le temps de déplacement à distance variable. À moins d’avoir un fabuleux forfait de données, il est hasardeux de vouloir rester branché sur l’étape en route. 

Enfin, en après-midi, nous avons pu profiter d’un rare moment de détente pour nous mouiller les pieds à la magnifique plage de la Concha, au centre de Saint-Sébastien. Wow! 

Perdus en chemin

Vers 22h, nous avons payé chèrement notre plaisir en nous perdant à Eibar, une commune escarpée beaucoup moins inspirante connue comme «La Ciudad Armera» (la ville armurière) en raison de son ancienne industrie de fabrication d’armes. La confiance n’est pas à son plus haut niveau. Le site Booking.com ne révèle pas tous les secrets. Nous serons plus chanceux demain. Peut-être. 

En nous couchant vers 1h dans la nuit, nous avons fait la blague que la voiture de location ne serait plus là au lever du soleil. 

Lundi, la journée sera identique, mais nous rentrons en France. C’est la 5e fois que je suis sur le Tour et je l’apprécie. Mes collègues qui vont aux Olympiques vous raconteront la même chose. 

Pour l’instant, la seule véritable déception est de ne pas voir le col d’Aspin et le mythique Tourmalet ce jeudi. 

Dans cet horaire chargé, je me vois mal dire à mon boss que je suis allé agiter mon drapeau du Québec dans la célèbre ascension, mais que je n’ai pas réussi à parler aux gars à leur descente de vélo. Il faut faire des choix déchirants. 


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