102 milliards $ de plus qu’il y a 4 ans puisés dans vos poches par Ottawa


Michel Girard
Pour la première fois depuis le début de la pandémie de COVID-19 en mars 2020, le gouvernement Trudeau a présenté un nouveau budget sans devoir allouer une somme spéciale d’argent aux victimes de la pandémie.
Malheureusement, cela ne lui a pas permis d’assainir pour autant les finances fédérales puisque son gouvernement continuera d’afficher de lourdes pertes.
Pourtant, les recettes du gouvernement fédéral ont littéralement explosé entre le dernier exercice budgétaire qualifié de « normal », soit celui de 2019-2020, et les recettes prévues pour le nouvel exercice 2023-2024.
Hausse des revenus de 123 G$
La ministre des Finances, Chrystia Freeland, prévoit encaisser des revenus totaux de 457 milliards $ lors de l’exercice budgétaire 2023-2024 qui débute aujourd’hui même.
C’est 123 milliards $ de plus que lors de l’exercice 2019-2020 d’il y a quatre ans, ce qui représente une augmentation de recettes fédérales de quelque 36,8 %. Les recettes du gouvernement fédéral auront ainsi augmenté 2,5 fois plus que l’inflation durant ces quatre années.
De ces recettes supplémentaires, 102,5 milliards $ proviennent des augmentations d’impôts et taxes que le fédéral vient chercher dans nos poches, soit :
- + 46,1 milliards $ en impôt sur le revenu des particuliers
- + 35,4 milliards $ en impôt sur le revenu des sociétés
- + 4,2 milliards $ en impôt sur le revenu des non-résidents
- + 14 milliards $ en TPS
- + 2,8 milliards en autres taxes et droits d’accise
Avec un rythme aussi endiablé des rentrées d’argent dans les coffres de l’État fédéral, on se serait attendu à ce que le gouvernement Trudeau nous annonce enfin un retour à l’équilibre budgétaire.
Eh bien, non ! Selon le nouveau budget de la ministre des Finances, Chrystia Freeland, le fédéral va rester dans le trou tout au long des cinq prochains exercices budgétaires.
Et cette année, le déficit prévu s’élèvera à 40 milliards $ malgré le fait qu’il n’y a plus de dépenses allouées aux victimes de la COVID-19.
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Bond des dépenses de 132 G$
J’ai calculé que le gouvernement Trudeau va dépenser cette année (2023-2024) rien de moins que 132 milliards $ de plus que lors de l’exercice normal de 2019-2020. Les dépenses des programmes et des frais d’intérêt atteindront cette année les 491 milliards $, en hausse de 36,9 %.
Ainsi sous Trudeau, le fédéral aura beau empocher cette année des recettes supplémentaires de 123 milliards $ par rapport à 2019-2020, il a trouvé le moyen de dépenser 132 milliards $ de plus qu’il y a quatre ans. Fidèle à son habitude, il se retrouve une fois de plus dans le rouge.
À la suite de l’alliance entre Justin Trudeau et le chef du NPD, Jagmeet Singh, les députés libéraux et leurs alliés néo-démocrates ne trouvent évidemment rien à redire à propos de la flambée des recettes supplémentaires qui rentrent dans les coffres du fédéral.
Que le gouvernement Trudeau « réussisse » même à dépenser plus d’argent que les recettes supplémentaires, cela ne les dérange pas.
À la décharge de Trudeau
Il faut dire que Justin Trudeau a la main passablement généreuse envers les bénéficiaires des nombreux programmes fédéraux.
Au chapitre des transferts aux particuliers, il va leur verser en 2023-2024 quelque 23,4 milliards $ de plus que lors de l’année « normale » de 2019-2020. Les grands bénéficiaires, ce sont les personnes âgées (+ 19,7 milliards $), les prestataires d’assurance-emploi (+ 2,4 milliards), les parents (+ 1,3 milliard en allocation canadienne pour enfants).
Concernant les transferts d’argent aux provinces, le fédéral va leur verser en 2023-2024 la somme supplémentaire de 20,3 milliards $ par rapport à 2019-2020. Cela comprend 8,5 milliards $ de plus pour les transferts en santé, un ajout de 3,7 milliards $ en vertu des récents accords en santé avec les provinces, une somme additionnelle de 4,2 milliards $ en péréquation, un supplément de 1,8 milliard $ en matière de programmes sociaux, un ajout de 900 millions $ pour le financement des territoires.
S’ajoutent 5,6 milliards $ pour le Système pancanadien d’apprentissage et de garde des jeunes enfants.
Au sujet des « autres paiements de transfert », le gouvernement Trudeau a allongé 32 milliards $ de plus pour les divers programmes d’aide financière visant divers secteurs.
Quant aux « charges de fonctionnement » qui représentent les coûts des activités des ministères, d’organismes gouvernementaux et de sociétés d’État, elles vont atteindre cette année 123,7 milliards $, en hausse de 28,5 milliards $ (+ 30 %) sur quatre ans.
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La dette fédérale
Pour leur part, les frais d’intérêt de la dette fédérale vont siphonner cette année 19,5 milliards $ de plus alors qu’ils passent de 24,4 milliards $ (2019-2020) à 43,9 milliards $ en 2023-2024.
Il ne faut pas se surprendre de voir les frais d’intérêts sur la dette exploser de la sorte.
Comme on sait, les taux d’intérêt ont fortement augmenté à la suite du resserrement de la politique monétaire canadienne qui a généré une hausse du taux directeur de la Banque du Canada de 4,25 points de pourcentage.
Et la dette fédérale est passée de 721 milliards $ (2019-2020) à la magistrale somme de 1221 milliards $, soit 500 milliards $ de plus.
La forte augmentation de la dette fédérale est attribuable aux généreux programmes d’aide financière que Justin Trudeau a mis en place en vue de secourir les victimes de la COVID-19, tant les particuliers que les entreprises.