10 ans plus tard, l’héritage du printemps érable
Agence QMI
Il y a 10 ans, des dizaines de milliers d'étudiants déclenchaient une grève générale illimitée et prenaient d'assaut les rues du Québec pour dénoncer la hausse des frais de scolarité.
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À la tête du mouvement, on y trouve celui qui est aujourd’hui co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.
«J'ai appris à faire la paix avec le fait que ça va toujours faire partie de moi. Puis moi, jamais je ne vais vouloir renier», dit-il.
Dans son bureau de l'Assemblée nationale, Nadeau-Dubois n'a plus le ton révolutionnaire du printemps érable ; celui d'un leader de 21 ans prêt à faire trembler le gouvernement de Jean Charest.
«La CLASSE a toujours cru en la désobéissance civile», disait-il à l’époque.
«Je suis très, très conscient de l'image qui a été faite de moi en 2012. J'ai appris à vivre avec ça. C'est sûr que même 10 plus tard, des fois, ça arrive encore que ça me dérange, parce que c'est une image qui est profondément différente de la personne que je suis», raconte-t-il aujourd’hui.
Les manifestations des étudiants et des citoyens jour après jour, soir après soir, ont marqué l'imaginaire québécois.
Et la violence dans les rues a parfois atteint un niveau alarmant.
«Décision légitime»
«Ce qu'on a pris comme décision, c'est une décision qui était légitime. Gouverner, c'est de prendre des décisions pas toujours faciles. Puis nous, bien, on a fait ce qui nous semblait juste, ce qui nous semblait correct. Puis on s'est ramassés avec une crise sur les bras», se défend Lise Thériault, députée libérale d’Anjou-Louis-Riel, qui était ministre du gouvernement Charest lors de la grève étudiante.
Contrairement à Mme Thériault, nombreux sont les élus libéraux de l'époque qui refusent de revenir sur les événements, signe que le sujet est toujours sensible.
«Quand tu crois en la démocratie, tu sais, tu te dis: bien moi, je me fais élire, et si les gens ne sont pas d'accord avec ce que le gouvernement fait, votez contre nous la prochaine fois. Votez pour un autre gouvernement», lance Lise Thériault.
La hausse des frais de scolarité de 1625$ sera bel et bien annulée par le nouveau gouvernement de Pauline Marois.
Un gain
Une décennie plus tard, Martine Desjardins, ex-leader étudiante de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), est habitée par un sentiment de fierté.
«Il n’y a pas un seul gouvernement qui a voulu retravailler sur la question des frais de scolarité ou des investissements dans les universités sans discuter avec le mouvement étudiant d'abord», se réjouit-elle.
«Ça a politisé toute une génération, on va se le dire. Puis je pense que c'est pour ça aussi qu'on voit beaucoup de jeunes en politique, actuellement. Ils ont compris que s'ils veulent changer des choses, ils doivent se présenter puis ils doivent aller changer les choses au coeur des associations», pense-t-elle.
Les gains dans le portefeuille des étudiants sont bien réels. Les frais de scolarité au Québec sont parmi les plus bas au pays.
«Ils ont gagné un principe. Que l'accessibilité aux études supérieures, c'est très, très important. La fameuse entente qui a été signée en 2013, on se base encore là-dessus pour fixer nos frais de scolarité. Alors, c'est un gain», note la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann.