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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

1 G$ pour SAAQclic: tout le monde le savait dès 2020

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Photo portrait de Nicolas Lachance

Nicolas Lachance

2025-05-27T17:25:03Z
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La haute direction et le conseil d’administration de la SAAQ savaient depuis 2020 que les coûts de SAAQClic allaient dépasser 1 milliard$.

Les responsables des règles contractuelles, les vérificateurs internes et le CA étaient tous conscients que le projet SAAQclic était en déroute.

Deux tableaux déposés devant la Commission d’enquête publique sur le fiasco SAAQclic démontrent que les prévisions de coûts du projet dépassaient déjà le milliard. «Je suis dubitatif», a lancé le commissaire Denis Gallant.

La majorité des membres du CA ont affirmé devant la commissaire avoir été surpris par le rapport du Vérificateur général du Québec (VGQ) en 2025. Selon ce rapport, les dépenses prévues de 638 M$ sur 10 ans en 2017 allaient finalement dépasser 1,1 G$. Le projet n’est toujours pas complété, et les économies attendues sont nulles.

Pourtant, dès février 2020, le vice-président aux finances Yves Frenette avait présenté un tableau montrant que le projet coûterait plus d’un milliard.

Le contrat signé avec l’Alliance SAP-LGS restait à 458 M$, mais les frais supplémentaires étaient assumés par la SAAQ. Ce même tableau prévoyait par la suite des économies de fonctionnement de 1,2 G$, jugées irréalistes par les vérificateurs internes.

Malgré une cagnotte presque vide pour la suite du projet déjà à l’époque, le CA a donné son aval. Le vérificateur Daniel Pelletier n’a pas pu confirmer si le ministre Bonnardel avait été informé.

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Un autre tableau, préparé par les vérificateurs à l’été 2020, montrait que le projet allait coûter 1 G$. Les coûts pour développer l’outil explosaient, tout comme les taux horaires des consultants qui passaient de 82 $ à 350 $.

Ces données ont été transmises à sa demande au membre du CA Jude Martineau.

Marsolais «bullshité» par Karl Malenfant

Le cabinet du ministre François Bonnardel a été officiellement informé, en juin 2022, d’un dépassement de 222 M$ à verser à l’Alliance pour compléter SAAQclic. 

«Ça a brassé dans le bureau du ministre», a affirmé Daniel Pelletier.

Nommé depuis peu, le PDG Denis Marsolais, accompagné de plusieurs vice-présidents, s’est rendu au bureau du ministre pour annoncer cet extra. 

Karl Malenfant, V.-P. aux TI, avait convaincu son PDG que l’ajout était légal, en raison de l’évolution du projet. Le directeur de la vérification, lui, soutenait que la portée n’avait pas changé.

L’ex-PDG Nathalie Tremblay et le V-P Karl Malenfant ont toujours affirmé que le contrat était «cappé» à 458 M$. Marsolais aurait reproché à Pelletier de ne pas l’avoir bien préparé pour la rencontre. 

«Denis, tu te fais bullshiter» par «Karl Malenfant», lui aurait-il lancé. «Ç’a été comme un cri du cœur».

Offre modifiée avant la signature

Un document présenté à la commission révèle que l’Alliance a retiré 730 000 heures de sa soumission initiale. Deux ans plus tard, elle a réclamé 800 000 heures supplémentaires, plaidant un changement de portée.

Le comité d’appel d’offres s’est aussi inquiété de la proposition d’implanter la livraison des permis sans simulation, un risque majeur pour un service direct à la population.

Lors du déploiement de SAAQclic, à l’hiver 2023, les services à la clientèle ont été fortement perturbés. De nombreux clients n’ont pu renouveler leur permis ou immatriculer leur véhicule, et ont dû faire la file dans le froid.

Le comité a aussi remis en question le taux horaire de 256 $ pour les travaux complémentaires, jugé excessif par rapport aux taux initiaux. «Pour les mêmes travaux, le compétiteur proposait un taux de 151 $», a-t-il noté.

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